MERCREDI 03 SEP 2014
JG Malliarakis
La presse parisienne, et moins encore la presse quotidienne de l'Hexagone semblent,jusqu'ici n'avoir attaché que très peu d'importance à la venue à Buenos Aires du président de l'Assemblée nationale du Venezuela en la personne de Diosdado Cabello. Seule exception à ce jour, une publication que l'on ne cite jamais : le quotidien Présent qui voit en lui "probablement [le] véritable homme fort de Caracas. Il incarne officiellement, poursuit ce journal, l'aile militaire du chavisme." (1)⇓
Empruntons, pour une fois, à Wikipedia, quelques détails biographiques qui peuvent éclairer ce jugement : "né en 1963… carrière dans les forces armées… rejoint Hugo Chavez qui le nomme vice-président de la République en janvier 2002… Ministre de la Défense de mai 2002 à janvier 2003… devient président de l'Assemblée nationale en
2012… devait assurer l'intérim de la présidence de la République à suite de la mort d'Hugo Chavez, le 5 mars 2013…"
Or, ce n'est pas lui mais "c'est finalement le vice-président, Nicolas Maduro, qui prête serment comme président par intérim, ce qui constitue, pour l'opposition, une violation de la Constitution." (2)⇓
Ajoutons que l'intérimaire Maduro est devenu très rapidement la nouvelle figure de proue du régime.
Compte tenu de ce que l'on sait, en Amérique latine, des réseaux militaires de Caracas il est infiniment probable que l'appareil "bolivarien" du "parti socialiste unifié du Venezuela" a préféré cette courte entorse à la loi fondamentale du pays, à une présence trop visible de ce personnage qui aurait pu se révéler encombrant sur la scène internationale.
Qui en effet organise sa venue à Buenos Aires ? Qui prend la parole à ses côtés ce 3 septembre au Palais San Miguel en vue "construire l'unité des peuples de l'Amérique latine" ? Il s'agit du député Edgardo Depetri issu du parti communiste argentin. Celui-ci a constitué un "front transversal" destiné à s'approprier, dans son pays, le mythe péroniste. On remarquera ainsi que le jeune fils de Maduro est venu en Argentine participer aux travaux du "mouvement Evita" dont la vocation ne trompe personne.
À propos de la visite de Cabello, son interlocuteur Depetri affirme benoîtement que"cette visite n'implique aucune conséquence en politique intérieure." Il se contente d'évoquer ce qu'il appelle la "complémentarité" économique des deux pays :"L'ArgentinepartageavecleVenezuelalesliensd'uneéconomiecomplémentaireetla mêmecompréhensionpolitiquede l'unitéde l'Amériquelatine… Le Venezuela nous a toujours soutenus dans nos revendications sur les îles Malouines et dans notre contentieux avec les fonds vautours"…
Et puis la dialectique communiste ne s'arrête jamais en si bon chemin. On va profiter de l'expérience vénézuélienne pour s'en inspirer dans la rédaction d'une loi d'approvisionnement copiée sur le modèle du chavisme.
Or tout ceci intervient à un moment où l’on cherche à instrumentaliser une situation financière très délicate. (3)⇓ Celle-ci est occasionnée en grande partie par l'incurie du pouvoir démagogique des Kirchner. On remarquera ainsi que le gouvernement de Buenos Aires croit pouvoir y répondre en augmentant de 50 % la dépense publique, en imposant un cours forcé du peso à 8,20 dollars quand la valeur de la devise est passée de 11 à 14 sur le marché libre et en multipliant l'impression de billets de banques importés du Brésil… La catastrophe ne saurait donc tarder.
Mais il est tellement plus rassurant d'en rendre responsables les fonds de sauvegarde. Qualifiés de "vautours", ils ne semblent certes pas s'embarrasser d'humanisme et ils sont présentés pour d'autant plus condamnables que la justice nord-américaine leur a donné raison. Pouah…
En attendant, on remarquera aussi que les amis de l'Argentine étiquetés BRICS, qui eux sont mondialement considérés comme désintéressés, ne se précipitent pas à son secours…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire