Tout est sinistre dans le livre de Valérie Trierweiler. Sinistre l’ouvrage lui-même, sinistre l’idée qu’il ait pu être écrit, sinistre la démarche vengeresse d’une femme humiliée. Mais sinistre aussi le personnage de François Hollande que dessine son ancienne compagne : cynique, froid, manipulateur, dissimulé, calculateur, inconstant et lâche, tellement lâche…
Passé le premier sentiment d’écœurement, c’est l’effarement qui l’emporte. Ainsi donc, ce Président qui s’était construit une image de type sympa, ne résistant pas à l’effet d’une bonne blague, rond et rose, souriant et dispo, ainsi donc cet homme normal est celui-là ? Sinistre. Bien sûr, ses affidés expliqueront qu’il s’agit d’une affaire privée, qu’ils ne liront pas le livre, que toute cette boue indécente ne regarde pas les affaires de l’Etat. C’est faux. Car cette humiliation publique laissera de profondes traces.
Personne, en effet, quelle que soit sa résistance à l’adversité, ne peut rester insensible à la violence de cette charge. Depuis l’instant où le livre est paru, François Hollande sait que tous ses interlocuteurs, ses proches, ses collaborateurs, le regardent autrement. Et le jugent sur le plan humain. Même s’il est totalement privé d’affect, son comportement ne peut pas ne pas en être perturbé.
Et ce qui est vrai pour son premier cercle le sera aussi pour les Français comme pour tous ses interlocuteurs étrangers. Incapable d’obtenir des résultats, menant une politique à l’opposé ou presque de ce qu’il avait promis à ses électeurs, déstabilisé par l’érosion constante de sa majorité, le voici humilié dans sa personne privée. Impopulaire comme personne avant lui pour sa politique, démasqué pour son inélégance et son manque total de valeurs personnelles, il entraîne avec lui la fonction présidentielle. Comment peut-il encore espérer retrouver une once de crédibilité ?
Nicolas Beytout
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