Gabriel Lévy
20 mars 2014
Maintes fois
nous sommes-nous interrogés sur l’utilité de ces institutions, forcément
impuissantes, mais suffisamment arrogantes pour cacher leur inefficacité !
Elles devaient prévenir les conflits, mais il fallait être bien naïf pour
imaginer que minuscules et grands états pouvaient s’unir pour imposer la paix,
ou même seulement l’arrêt des combats quand ceux-ci étaient déjà engagés.
La piteuse situation de ces institutions face aux derniers
développements en Ukraine donne raison à cet auteur corrosif du siècle dernier,
Ambrose Bierce, selon lequel « l’ultimatum est la dernière exigence
avant les concessions ». Dans le cas d’espèce, il fallait admettre que
la langue nationale est le premier ciment d’une nation et que, parfois, « les
frontières sont des lignes imaginaires séparant les droits imaginaires de l’un,
des droits imaginaires de l’autre. » (ibidem). Madame Carrère
d’Encausse ne disait pas autre chose hier sur nos plateaux de télévision. Les
rodomontades de MM. Hollande et Fabius, pour habituelles qu’elles soient,
étaient contre productives..
Mais pouvons-nous faire le procès de ces institutions sans
faire le procès de la politique étrangère française
depuis 50 ans ? De
« grandes incapacités, à peine méconnues, » l’ont conçue et
l’entretiennent ! A la persistance des erreurs de M. Chirac à M. Sarkozy, il
faut ajouter celles de M. Hollande qui va fournir des armes lourdes à l’armée
libanaise, sachant pourtant qu’elles finiront dans les mains de fanatiques qui
ne nous veulent aucun bien. Inutile de demander à ce président d’être obsédé
par l’exemple de la Lybie dont il affronte les conséquences au Mali et en
Centre Afrique.
Ces deux « machins », l’ONU et l’UE, n’étant
pas suffisants, il s’en est fallu de peu qu’un nouveau soit créé : l’Union pour
la Méditerranée ! Depuis, que « sont nos amis devenus », MM.
Moubarak et Ben Ali ? Dédaignés, honnis aujourd’hui par nos
« élites » et, en particulier, par M. Juppé, ministre il y a peu des
affaires étrangères qui déclarait dans l’Egypte de M. Morsi (2011) :
« la présentation (des Frères Musulmans) qui est parfois faite
de ce mouvement mérite sans doute d’être révisée », ajoutant :
« nous nous sommes peut-être laissé intoxiquer quand on nous disait ces
dernières années : « les régimes autoritaires sont le seul rempart
contre l’extrémisme ». Ce dernier, nous dit-on, est encore « le
meilleur d’entre nous »,
« Vers l’Orient compliqué, on ne peut voguer
qu’avec des idées simples ». Ce qui se passe en Syrie nous révulse, mais
n’est-ce pas justement cet Orient compliqué, là où même « Dieu ne
reconnait pas les siens », qui a calmé les ardeurs de MM. Obama et
Hollande ? M. Juppé (bis repetita), qui admettant (enfin) l’inutilité de
ces institutions, estimait que « se retrancher derrière le feu vert du
conseil de sécurité, c’est en réalité se rendre complice de l’inaction ».
Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine montre les dangers auxquels nous nous
exposions avec la Syrie ayant la Russie comme alliée.
La Méditerranée est aussi le rêve de nos barons
provençaux qui ont construit à grands frais la « villa de la
Méditerranée » pour accueillir conférences et colloques, alors que
l’utopie méditerranéenne s’achève dans la dystopie, l’utopie virant au
cauchemar, quand des hordes envahissent l’enclave de Mélilla.
Tant que la diplomatie française n’aura pas éliminé son
complexe irraisonné à l’égard des pays arabes, elle sera incapable de mener une
politique cohérente en Orient et en Afrique. Tant qu’elle n’aura pas pris son
indépendance à l’égard de l’Europe, l’indépendance d’un fils majeur, mais
aimant et attentionné, son peuple grondera.
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