Dans le discret compte à rebours qui nous sépare du grand plan de rigueur et de son lancement, au lendemain des élections municipales, une étape essentielle va bientôt être franchie : la fin des Assises de la Fiscalité est proche, en effet. Et on connaîtra bientôt le détail des impôts et de la fiscalité sur les entreprises que Bercy proposera de réduire. Sur le principe, il s’agit d’une excellente initiative, signe d’un retour revendiqué à une politique économique différente du dogmatisme initial des socialistes, assez loin de l’hostilité que la majorité montra, des mois durant, à l’égard de l’univers des patrons et du secteur des entreprises.
Encore faut-il que ces bonnes intentions ne soient pas ruinées par l’action. La fiscalité est
devenue tellement complexe, les niches, les seuils, les effets-leviers, les exemptions, les déductions, les taxes et surtaxes sont désormais tellement nombreux que toucher à un morceau seulement de la fiscalité des entreprises provoquera immédiatement des dommages collatéraux. En favorisant les investissements, on pénaliserait l’emploi ; en allégeant les charges sur les bas-salaires, on oublierait les emplois à valeur ajoutée : les exemples abondent de cet imbroglio dans lequel le système s’est lui-même enfermé. Et s’il venait à l’idée du gouvernement de compenser par des prélèvements ici ce qu’il pourrait rendre aux entreprises là, s’il lui venait l’envie de tenter cette réforme sans réduire la pression fiscale, alors l’exercice deviendrait radicalement infaisable.
Pressé par la Commission européenne, surveillé de près par un monde de l’entreprise lassé des belles promesses, le gouvernement doit maintenant faire plus que lancer des signaux et promettre à chacun ce qu’il veut entendre. Près de deux ans après son arrivée au pouvoir, François Hollande doit sortir du flou et assumer ses nouveaux choix.
Nicolas Beytout
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