Gabriel Lévy
9 mars 2014
Quand on vise une cible, il faut fermer un œil.
Pourquoi ? Parce que l’objectif du tir est unique et que tout ce qui
n’est pas la cible doit être occulté. Les partis de gauche visent bien, car ils
ont compris qu’ils n’ont en définitive qu’un seul concurrent. En revanche, ceux
de droite s’ingénient à multiplier des adversaires concomitants, négligeant le
fait que Horace ne sauva Rome qu’en combattant les Curiaces, l’un après
l’autre.
Bon ! …Oublions ces réflexions, qui ne sont
intéressantes que lorsqu’il s’agit de la conduite du pays.
Mais, quelle est donc la justification de ces compétitions
dans presque toutes les communes de France, risquant d’anéantir les espoirs des
électeurs soucieux d’un changement local ? Admettons que la question d’une
union ne se pose pas obligatoirement dès le premier tour des municipales, car
il est peut-être utile de se compter. Toutefois, 24 heures seront un délai très
court pour organiser les « arrangements » indispensables de second
tour pour ne pas rater la cible… sauf à avoir été prévus. A défaut,
risquent d’être figées les situations dans lesquelles ceux unis par un «
arc-en-ciel » dirigent les municipalités, et, ne sera pas toujours
atteint, l’objectif des candidats qui ont appelé – intensément - les électeurs
à se mobiliser, ainsi qu’à apporter leur écot.
Pourtant, il ne s’agit que de gérer une commune et non de
décider du maintien ou non de la France dans
l’Europe, de conserver la monnaie
unique, d’ouvrir largement nos frontières. Autant de sujets
« clivants » qui ne sont pas en cause. Un candidat a eu la modestie
d’écrire dans son programme que les marges d’intervention sur le chômage ou sur
la « crise » étaient réduites, et qu’en revanche le coût de la
gestion locale pouvait être amélioré.
Alors, observons ce paradoxe, valable quelles que soient les
équipes en place. Si les contribuables souhaitent mettre fin à une gestion
locale pour des raisons de gabegie n’ayant rien à voir avec l’appartenance
partisane des dirigeants, ils doivent subir les conséquences des interdits émis
par les chefs nationaux des partis compétiteurs et perdre toute
perspective de changement. Condamner des pratiques de gestion
locale et ne pas se donner les moyens, tous les moyens, d’y remédier
est une attitude illogique, car « on ne perd pas (forcément) son
âme » quand son âme est bien chevillée.
Les municipales ? Nous rêvons de candidats hors des
partis, libres de leur décision, de gens de bonne volonté pour des
actions locales, de personnes issues de la Société Civile, ne se préoccupant
que de l’organisation de la Cité. Ce rêve est vain, car nous aurons le soir des
résultats, les résultats des « étiquettes politiques » et rien
d’autre.
Tant pis si nous rêvions aussi d’un choix fondé sur
l’aptitude et non sur le sexe, du choix de chacun des conseillers, auquel nous
confierions notre franche adhésion (vive l’ancien panachage !), et non
d’une liste imposée dont les derniers n’ont aucune chance d’exercer la moindre
activité, et qui ne sont là que pour rendre service à un parti ou à des amis.
Les chefs politiques devraient cependant méditer le dicton
« commande qui peut, obéit qui veut », mais surtout mesurer
leur responsabilité dans le cas d’un échec qui était évitable. Aucun des
compétiteurs, aucun, ne pourra s’exonérer de cette responsabilité.
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