vendredi 21 mars 2014

La tyrannie fiscale


par Jacques Garello

Voir aussi : http://www.amazon.fr/Lib%C3%A9rons-nous-Pascal-Salin/dp/2251230017/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1395392615&sr=1-2&keywords=pascal+salin 

Ouvrage de Pascal Salin (Ed. Odile Jacob, 2014)

Pascal Salin est depuis toujours le guide de la pensée libérale française, parce qu’il a fourni par ses écrits - l’explication du libéralisme. Son livre magistral, Libéralisme, décrit avec clarté et conviction la consistance de ce courant de pensée, dont les dimensions philosophique et morale valent la dimension économique.

Universitaire très connu dans le monde entier (il a été le Président de notre prestigieuse
Société du Mont Pèlerin), il n’a pas en France l’influence que mériteraient ses connaissances scientifiques et son engagement doctrinal. Dès les premiers mois de la crise, il publiait un ouvrage intitulé, Revenir au capitalisme. Cet écrit venait à point nommé pour souligner que la crise n’était pas due au capitalisme, mais au dirigisme ; aujourd’hui un nombre croissant de gens en conviennent enfin.
Spécialiste de relations internationales, Pascal Salin est également connu pour ses
nombreux travaux sur la fiscalité. Il avait écrit il y a dix ans : L’arbitraire fiscal. Il recommence aujourd’hui avec la Tyrannie fiscale, qui spécifie notamment que si cet arbitraire s’est atténué dans de nombreux pays, il est toujours de règle en France, où la coalition des hommes d’Etat et des privilégiés du système économique, "motivés par des objectifs électoraux à court terme, ou la recherche d’intérêts spécifiques", bloque tout essai de réformes.
Vous lirez avec attention, puis avec passion, cet ouvrage, et vous le ferez lire. Vous répandrez autour de vous l’idée que le mal français est d’origine fiscale à plusieurs égards : le poids global des impôts, parce qu’en France il ne s’agit pas de financer des services publics - pléthoriques, mais d’organiser la redistribution, sous prétexte de satisfaire à une "justice sociale" mythique..., alors qu’il est "impossible de définir a priori une répartition qui puisse être considérée comme socialement juste".
La redistribution se fait à travers la progressivité, dont l’inefficacité est évidente : elle incite à moins travailler, à moins entreprendre et à moins épargner. L’impôt sur le revenu n’est payé, et très lourdement, que par une minorité de personnes, dites "riches". Alors que l’imposition devrait être ramenée à deux tranches, dont le taux le plus élevé serait de 35 %, celle-ci devant être abaissée ensuite jusqu’à arriver au taux de la flat tax. Pascal Salin montre tous les avantages dont ont bénéficié les pays européens libérés du communisme, qui, en organisant un nouveau système fiscal, ont choisi ainsi la flat tax.
Mais l’analyse la plus courageuse de cet ouvrage, qui s’exprime à l’opposé de la pensée unique, est la condamnation de tout impôt sur le capital, car le capital mérite d’être protégé, encouragé, rémunéré. Il faut non seulement supprimer l’ISF et les droits de succession, mais aussi l’impôt sur l’épargne. C’est une idée que Pascal Salin défend avec talent et opiniâtreté depuis des années : l’impôt sur la dépense. Sur une colonne, le contribuable déclarerait ses revenus, sur une autre l’épargne qu’il aurait constituée, et paierait un sur la différence. Le revenu, transformé directement ou indirectement en capital, est en effet la source de tout investissement, donc de tout emploi et de toute croissance. L’accumulation du capital permet de "donner valeur", c’est-à-dire de mieux servir les besoins exprimés sur le marché. Défenseur du capitalisme, Pascal Salin nie toute responsabilité de l’économie de marché dans la crise qui a atteint tant de pays. En revanche, les pays restés fidèles au libre échange et à la libre entreprise ont évité ou déjà digéré la crise.
Et pourquoi pas la France ? La tyrannie fiscale serait-elle éternelle dans ce pays ? Pascal Salin croit au succès d’une politique de libération fiscale : "Réduire la fiscalité, c’est rendre aux hommes leur pleine volonté, leur permettre d’agir conformément à leur nature. Une politique de libéralisation pourrait donc être plus rapidement menée et mieux acceptée qu’on ne le croit bien souvent. Et elle répondrait en tout cas à une exigence morale".
Mais quels sont les moyens juridiques pour déboucher sur une libération fiscale ? Pour l’instant, en France, l’impôt n’est ni consenti, ni voté, les décrets de Bercy, étant respectés, sont appliqués sur-le-champ. Il ajoute : "Le bulletin de vote ne sert plus à contrôler les hommes de l’Etat, mais à spolier les autres par leur intermédiaire".
Le vrai changement à réaliser est donc d’ordre constitutionnel : limiter le pouvoir de l’exécutif, introduire une part de démocratie directe, développer la fiscalité décentralisée- comme en Suisse. Mais cela n’est possible qu’au prix d’un changement intellectuel et moral. Que les Français soient mieux informés de l’enjeu d’une fiscalité de liberté constituerait déjà un vrai choix de société. Pascal Salin contribue à cette formation qu’il pousse jusqu’à la passion, et nous l’en remercions.

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