Sous la boue des affaires, sous les piles de dossiers amassées par les juges, sous les couacs gouvernementaux, les élections municipales ont disparu. Ce n’est toujours pas un sujet national, et à peine un enjeu local. Tout se passe comme si la défaite avait été actée par la gauche, qui se satisferait de ne pas subir une déroute. Et comme si la droite allait se contenter d’une vaguelette bleue, là où elle aurait pu espérer un raz-de-marée. Quant au Front national, ce ne sont pas « ses » élections, et tout concourt à faire des rendez-vous des 23 et 30 mars un galop d’essai avant le grand jeu, les élections européennes.
Difficile de mobiliser dans ces conditions. La gauche traîne son impopularité comme un boulet. La droite subit le soupçon des affaires comme une blessure. L’extrême droite attend.
Le résultat de cette équation calamiteuse est assez prévisible : abstention, abstention,
abstention. La plupart des maires, les anciens comme les petits nouveaux, risquent d’être mal élus, portés par une trop faible fraction de leurs administrés. Ils auront pourtant besoin de toute la légitimité possible pour gérer les grands chantiers qui sont devant eux. Réduire le train de vie des communes sans paupériser ou désertifier les territoires, compenser l’inévitable disparition ou restructuration de certains services publics, économiser et désendetter les collectivités locales, fusionner les petites entités pour reformater la vie locale à une échelle compatible avec la dimension européenne, chacun de ces chantiers suffirait à lui seul pour occuper un mandat. Or il faudra les mener tous de front, ce qui exigera l’appui, ou au minimum la compréhension d’un grand nombre de votants. Il reste une semaine pour inverser le cours de l’indifférence.
Nicolas Beytout
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