La France est à droite, et le dit clairement. La gauche est impopulaire et le paye nettement. On pourra ergoter sur la puissance de la vague bleue de l’UMP, souligner la force de la poussée du Front National, les faits sont là : les listes du Parti socialiste subissent un violent recul, plus rude encore que ce à quoi il s’attendait, bien au-delà en tout cas de tout ce qu’un pouvoir peut redouter d’élections intermédiaires.
S’il fallait retenir une image de cette journée électorale, ce serait celle, lunaire, d’un François Hollande déposant son bulletin seul, incroyablement seul dans son bureau de vote de Tulle.
Personne pour l’accueillir à l’extérieur, aucun soutien populaire de sa ville. Personne non plus pour l’accompagner à l’intérieur, le désert.
Quel symbole de la désaffection dont souffre ce pouvoir ! Un rejet qui profite à la droite et au centre, qui conquièrent de solides positions et peuvent profiter de la dynamique de ce premier tour pour amplifier leur victoire au second. Mais un rejet qui profite aussi, de façon spectaculaire, à l’extrême-droite qui, même si elle ne paraît pas en situation d’emporter un nombre significatif de villes, réalise des scores qui sont autant de signaux d’alerte pour tout le reste de la classe politique, UMP et Centre compris.
On prête à François Hollande une vraie science des élections et une connaissance intime de la mécanique électorale française. Certainement s’attendait-il à un recul. Mais à ce point ! Il paye cash deux ans d’erreurs politiques et de zigzags idéologiques, deux années perdues dans la lutte contre la crise et le déclin. Pressé par nos grands voisins allemands, surveillé par Bruxelles, le chef de l’Etat se retrouve affaibli au moment où il pensait entamer la deuxième phase de son quinquennat. Le piège s’est hier un peu plus resserré.
Nicolas Beytout
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