Il a parlé. Il parlera… Dans cette ambiance irréelle de l’entre-deux tours, tous attendaient qu’il parle. Le gouvernement en apesanteur, la majorité dans le brouillard, les candidats de la gauche, humiliés ou fragilisés, tous guettaient un signe, une intervention, quelques mots qui puissent redonner du sens à leur combat politique et éviter que le désastre du premier tour ne se transforme en déroute absolue. Alors, celui qui s’était tu jusque-là mais n’en avait pas moins manœuvré en coulisse, François Hollande a parlé, profitant d’une fenêtre dans son emploi du temps, entre une poignée de main avec Obama et un dîner en smoking avec Xi Jinping.
« Il faut, a-t-il dit, que le gouvernement travaille au redressement du pays avec plus de rapidité et de force ». Le problème, c’est que les Français ont exprimé, par leur vote ou leur
abstention, qu’ils ne voulaient pas de ce redressement-là, de ce programme-là. L’idée d’accélérer et d’amplifier la mise en place d’une politique qui a échoué –en témoigne le nouveau record du chômage- et qui est rejetée par les électeurs ne va donc pas de soi.
« Il faut travailler à plus de justice sociale », a également dit le chef de l’Etat, suggérant par là qu’une petite sucrerie fiscale était en préparation. La promesse d’appâter l’électeur de gauche en faisant miroiter une réduction d’impôts pour les plus faibles est une vieille ficelle qui aurait pu marcher si les Français n’avaient pas, depuis le temps, compris que toute réduction d’impôt entraînerait automatiquement une baisse correspondante des dépenses publiques dont bénéficient justement, la plupart du temps, les plus démunis. Ce qui confère à la manœuvre un puissant parfum d’artifice.
« Il faut, a conclu le président de la République, que le gouvernement travaille avec plus de cohérence ». Cette fois, ce n’était pas une promesse, mais un rêve.
Nicolas Beytout
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