Posted by Lucien SA Oulahbib on 19/3/2014
La spécificité de la pensée sectaire, totalitaire,
ne se demande pas lorsqu'elle avance que 2+2=5 en quoi l'argumentation
contraire, celle qui stipule que cela fait 4, s'avère exacte, voire comment
elle arrive à ce résultat, mais plutôt ce qu'elle cherche en prétendant énoncer
autre chose, bref, "d'où elle parle", dans quel but ? Quel est son
intérêt (de classe) ? Sa volonté de "domination" ?
Prenons par exemple cette phrase : " le pacte
de responsabilité signifie déjà que ce sont les entreprises qui créent l'emploi
" : or, avant même de se demander ce qu'elle veut dire, la
pensée totalitaire demandera d'abord : quel est l'intérêt de prononcer une
telle phrase sinon un intérêt de "droite" puisque la majorité des
termes employés ne font pas partie du vocabulaire "correct" enseigné
?… Et en effet employer déjà les deux termes "responsabilité",
"entreprises", classent le locuteur puisque la responsabilité
n'existe pas,
cela renvoie à une conception individualiste donc
"libérale", tandis que le terme "entreprise" sans être
accolé à celui de "capitaliste" signifie d'emblée que la personne qui
l'emploie est à surveiller, à mettre sur "écoute", au sens de
l'observer pour étudier "d'où elle parle" ; le reste de la locution
" les entreprises qui créent l'emploi" est alors tout simplement
écartée car impossible, du moins si l'on tient compte de ce qui vient d'être
dit sur les termes de "responsabilité" et
d'"entreprise".
Il est possible d'observer cette configuration
partout : l'art, les sciences sociales, le genre, l'économie, l'écologie, le
climat, l'amour, l'autre, bref, tous les mots, concepts, sont régis par des
codes préalables, des accents en quelque sorte qui, mal prononcés, mal
orientés, cataloguent immédiatement le locuteur comme étant ami ou ennemi.
Le travail ne
peut alors qu'être aliéné ; le patron un profiteur, l'artiste contemporain un
génie, surtout s'il est LGBTIQ, intermittent, et de gauche (ce qui un
pléonasme, souvent, mais pas toujours) ; un journaliste de "droite"
ne peut être qu'un "réac", un sociologue non bourdieusien un
idéologue américanisé, un écrivain ne décrivant pas son nombril, n'écrivant pas
sur son enfance malheureuse, ou sur le malheur du monde, passé et présent, ne
peut être que quelqu'un de "fasciste", et en plus il cherche à se
constituer du "capital culturel", ce qui est
"mal".
La pensée totalitaire "est" ainsi ce qui
indique, elle n'a pas besoin de démonstration.
Donnons un visage à ce dire : sur le
site de Laurent Mucchielli, il est indiqué que "
Alain Soral et Eric Zemmour" seraient "néo-conservateurs
xénophobes", ce qui a uniquement pour fonction d'expliquer le concept de
"néo-conservateur" par celui de "xénophobe" alors qu'en
réalité un Laurent Mucchielli est bien plus proche idéologiquement d'un Alain
Soral que d'un Eric Zemmour : ils sont en effet tous les deux pro islam et
anti-capitalistes. De toute façon, pour Mucchielli, employer déjà le
terme même de "crime" classe le locuteur comme partie prenante de
"l'ordre", celui de "la domination"; expliquer alors que
cela n'explique pas tout, et que l'acte qui rompt le pacte social devrait être
sanctionné, cataloguera immédiatement le locuteur comme instrument du pouvoir
et donc fasciste. Il ne sert à rien là aussi d'argumenter, de tenter de trouver
la bonne explication.
Lénine l'avait montré : l'autre, le contraire,
celui qui dit que 2+2=4 est nécessaire non pas comme l'autre terme dont la
confrontation permettra de progresser, mais uniquement comme moyen, outil, pour
se purifier soi-même puisque ce sera lui seul, cet autre, qui portera
l'opprobre de la corruption en général, celle de ne pas croire au fait que
2+2=5 ; il suffira de le dénoncer, et ainsi de s'énoncer au même moment comme
dans les vases communicants : il suffira de montrer la laideur morale de
Sarkozy pour être en même temps, trait par trait, illuminé au même moment,
auréolé ; autrement dit, le patron de Numéricable ne paye pas ses impôts
personnels en France c'est alors doublement un salop, en tant que patron, en
tant que non "patriote". Mais sa présence comme monstre est cependant
nécessaire pour la dénonciation de l'ensemble du "système".
La pensée néo-fasciste a alors ceci de spécifique :
elle n'a pas besoin d'enfermer les contestataires, il suffit de les
marginaliser. La liberté d'expression n'est de toute façon pas un problème
puisqu'elle n'est pas suivi d'effet. D'où le fait que dans nombre de
pays, élections, journaux, sont devenus des couteaux sans lames auxquels l'on a
enlevé le manche.
Lucien SA Oulahbib 19/3/2014
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