Après avoir réussi la performance de devenir en 18 mois seulement le président le plus impopulaire de la V° République, voici que François Hollande réalise maintenant l’exploit d’être ouvertement critiqué par son propre camp. Secoués par la gifle électorale de dimanche dernier, de nombreux élus de gauche et notables socialistes ont commencé, en effet, à lui imputer cette cinglante défaite. A lui, à son Premier ministre, à sa politique. Et de réclamer en chœur plus de justice sociale et plus de pouvoir d’achat, moins de coupes budgétaires et moins de soi-disant « cadeaux aux patrons ». Bref, un changement radical de politique.
Les naïfs : ils veulent plus de gauche, ils auront plus de rigueur. Ils veulent plus de redistribution, ils auront davantage d’efforts. Et cela quel que soit le Premier ministre que
choisira le chef de l’Etat. Car, et c’est bien là son principal problème, François Hollande n’a plus de libre-arbitre. Il travaille sous l’étroite surveillance de la Commission européenne et de nos voisins les plus vertueux. Les marges de manœuvre du pays ont été brûlées et les promesses se sont accumulées, qu’il est impossible désormais d’ignorer. Il a promis aux Français de ne plus augmenter les impôts, il a promis aux patrons de réduire la fiscalité des entreprises, il a promis aux chômeurs d’inverser la courbe du chômage en s’attaquant à la sous-compétitivité du pays, il a promis aux jeunes des emplois subventionnés, il a promis aux fonctionnaires d’embaucher autant qu’il serait nécessaire pour maintenir les effectifs intacts, et par-dessus tout, il a promis à Bruxelles 50 milliards d’économies budgétaires. Il a promis, mais il a déçu ceux qui l’avaient cru. Et tous lui demandent des comptes désormais.
Empêtré dans ses promesses, François Hollande n’a plus le choix de sa politique ; seulement de celui qui l’appliquera.
Nicolas Beytout
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