samedi 1 mars 2014

« Les Suisses lancent un message d’alerte »

28 FÉVRIER 2014 par DE BEAUFORT HUBERT dans INTERNATIONAL, LA UNE avec 0 COMMENTAIRE

La Suisse, un petit pays qui se veut un modèle de réussite économique et sociale. Son référendum sur l’immigration suscite un tollé. Pourquoi ?  
suisse

Le référendum suisse refusant l’immigration de masse met une fois encore notre voisin à la une de l’actualité. Après les accusations de paradis fiscal, de refuge des grandes fortunes c’est aujourd’hui la demande populaire de limiter l’immigration qui alerte l’Europe, car Genève a signé les accords de Schengen sur la libre circulation entre les vingt huit et la Suisse.                                                                                                              
Ce référendum est l’occasion de revoir les particularités de notre voisin, un Etat fédéral de huit millions d’habitants. Première particularité : trois langues officielles (Allemand, Français, Italien). Deuxième particularité : un gouvernement d’union nationale allant des conservateurs aux socialistes. Troisième particularité : unegouvernance limitée à sept membres regroupant les différentes fonctions ministérielles.                                               
Durant la dernière guerre, la Suisse a pu conserver sa neutralité : une exception qui l’a fait suspecté de connivence ave
le régime nazi, ce qui l’a obligé à verser 1,5 milliards de dollars à la communauté juive américaine. Hier, Genève était un paradis fiscal et la confédération se veut aujourd’hui transparente, au point qu’une banque comme l’UBS sanctionne  les dépositaires étrangers, mêmes modestes.                                  
Ces exceptions historiques et financières ne doivent pas faire oublier les qualités d’un peuple travailleur (semaine de 42 heures), pratiquant le consensus social et conservant un outil industriel performant qui représente 26% du PIB, le double de la France. Cet ensemble de qualités permet à la Suisse de présenter un bilan qui ferait rêver bien de Européens et bien des Français. Voyons plutôt :                                                
Selon la banque mondiale le revenu national brut par habitant  serait de 80 000 dollars contre 42 000 $ pour le Français, presque le double ….Le chômage ? Il est inférieur à 3% de la population active. La dette ? Elle est de 36% du PIB, alors que nous approchons des 100% ! La balance commerciale : elle présente un excédent de 20 milliards d’euro. Le montant des prélèvements : 26% du PIB contre 46% en France.     
Alors, où est l’erreur ? Curieusement et paradoxalement, c’est son attractivité qui rend la vie courante et l’immobilier plus cher que dans notre hexagone. N’oublions pas non plus que 165 000 frontaliers travaillent dans la confédération, avec un salaire moyen double de ce qu’il est chez nous.                                                                                  
Les politiques français, pour une fois unanimes, se refusent à débattre du cas suisse avec comme argument : c’est un paradis fiscal qui vivrait au détriment des pays « normaux », alors que le secteur financier helvétique ne représente que 12% du PIB. Répétons-le, son secteur industriel est connu du monde entier avec des célébrités comme Neslé ou Swatch, alors que le pays ne compte que huit millions d’habitants. Pour en revenir à l’actualité, une petite majorité de Suisses désire limiter l’immigration : elle serait choisie et non de peuplement. Mais compte tenu des migrations massives arrivant du Sud, quels seraient les pays européens qui accepteraient une immigration de peuplement s’ils étaient consultés ? Un sondage, certes partiel du Figaro indique que 91% des sondés sont favorables à des quotas.                    
Certes le droit d’asile reste un devoir d’humanité, mais la remarque de Michel Rocard reste une évidence : «Nous ne pouvons pas recevoir toute la misère du monde». Les chiffres sont incontournables : un milliard d’Africains et 250 millions de Nord-Africains rêvent  de l’Europe. Leur continent doit trouver comme en Occident un équilibre entre démographie et économie. Les Suisses lancent un message d’alerte : sachons le comprendre pour l’adapter, à la fois, à la réalité géopolitique et aux idéaux de la morale.                                                                                                                                                                                                                                                                                                

Chronique, par Hubert de Beaufort

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