lundi 31 mars 2014

Après les élections : le chaos ?

Posted On 31 mar 2014

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J’écris ces lignes alors que le résultat des élections municipales françaises est en train d’apparaître. La gauche est en déroute, comme prévu. Le Front National s’implante. La droite l’emporte.
Ce n’est là qu’une vision superficielle des choses, hélas.
Bien qu’en déroute électorale, la gauche continue à tenir très largement la société française où elle a installé son hégémonie ces dernières décennies : elle tient les milieux bobos (d’où sa victoire à Paris), l’école et l’université, les maisons d’édition, le secteur culturel, l’essentiel des grands médias. Elle ne sera pas délogée sans résister : une nomenklatura en place ne se laisse pas évincer si facilement, et c’est à une nomenklatura qu’on a affaire.
La nomenklatura en place se laissera d’autant moins facilement évincer qu’elle dispose de solides appuis dans les réseaux qu’elle a mis en place dans l’économie elle-même grâce à un capitalisme d’accointance à la française.
Elle sera d’autant plus difficile à évincer que les idées qu’elle a disséminé ont pénétré les esprits et y ont pervertir
l’essentiel des réflexions. Si le mariage homosexuel ou la théorie du genre, le laxisme judiciaire et autres perversions suscitent des réactions de rejet hors de la nomenklatura, il n’en va pas de même pour les visions de la mondialisation, de l’entreprise ou de l’environnement.
Bien que gagnante en apparence, la droite gagne surtout par défaut, comme je l’ai déjà écrit. Elle n’a pas de programme précis, pas d’épine dorsale forte, pas de convictions solidement ancrées, et dès lors pas de vision susceptible de lui permettre non seulement de bâtir une alternance, mais de donner à espérer et de se donner les moyens de replacer la société française sur la voie d’un dynamisme retrouvé. Il lui faudrait se doter d’un programme, d’une épine dorsale, de convictions, d’une vision, mais quand bien même certains de ses membres voudraient aller dans ce sens, ils sont combattus par d’autres de ses membres qui sont, eux, sous l’emprise de discours provenant de la nomenklatura, sous une forme ou sous une autre. Et ils sont combattus aussi par la nomenklatura elle-même, qui fera tout pour les briser. Il existe au sein de l’UMP une ligne Copé, qu’on retrouve chez des gens que j’estime, tels Claude Goasguen. Il existe aussi une ligne Juppé, ou une ligne Nathalie Kosciusko Morizet.
L’implantation du Front National en ce contexte est un symptôme et non un espoir. En se dotant d’un programme nationaliste, xénophobe, protectionniste, socialiste, autoritaire, le Front National attire tout à la fois un électorat d’ouvriers au bord du licenciement, de déclassés, de gens que l’islamisation du pays et l’insécurité ont pour effet de crisper. Il est classé à l’extrême droite. On peut difficilement voir en lui, en fait, un mouvement de droite. Il a davantage de proximités avec une certaine gauche, communiste ou chevénementiste. Il n’est pas fasciste, mais il permet de rappeler que les fascismes sont nés à gauche. Il est l’enfant bâtard des idées de gauche de l’époque où le Parti communiste français attirait vingt pour cent des électeurs et des idées du temps où la France s’appelait l’Etat français. Ses dirigeants voient que la gauche est en lambeaux, et rejetée, mais tient néanmoins tout ce que tient la nomenklatura. Ils voient que la droite façon UMP est striée de failles et, pour l’heure, pas très consistante. Ils voient que la société française se consume, sans repères et sans espoirs. Ils espèrent ramasser les cendres.
Je ne pense pas qu’ils y parviendront.
Mais je pense plus que jamais que les semaines à venir seront chaotiques. Un nouveau gouvernement sera fait de membres d’une gauche en perdition, mais qui s’accroche.
Le Président restera le même abruti inconsistant, monsieur dix sept pour cent.
L’abruti inconsistant devra tenter d’éviter le naufrage en allant contre les dogmes de ceux qui l’ont porté au pouvoir, tout en disant qu’il respecte quand même les dogmes. Il parlera de « pacte de responsabilité » pour tenter de se défausser de ses responsabilités sur les entreprises et leur attribuer la paternité du chômage et de la pauvreté, qui continueront à monter, et il se fera traiter de traître par les marxistes. Il continuera à mener une politique de chien crevé coulant au fil de l’eau. Il n’évitera pas le naufrage.
Je ne souhaite pas que cela finisse tragiquement, mais je crains que cela finisse mal.
J’avais fini il y a plusieurs semaines d’écrire le livre que je vais publier. J’y décris, précisément, l’hégémonie et ses conséquences. Nous sommes dans l’hégémonie, et dans ses conséquences.
J’y parle d’anomie, perte généralisée des repères. Nous sommes dans l’anomie.
La France était au bord du chaos. Comme dit la vieille plaisanterie, elle vient de faire un pas vers l’avant.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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