C’est le secret le mieux gardé de la République et cependant, hommes ou femmes politiques, élus, syndicalistes et patronat, personne ne semble essayer de le percer. C’est pourtant de lui que dépend en grande partie le maintien de notre indépendance. Et la plupart de nos choix de politique économique et sociale.
Ce secret, c’est le plan de rigueur qui se prépare dans le huis clos du bureau de François Hollande. On sait qu’il existe, mais on n’en parle que sous un nom de code : au lieu de dire « la France va lancer un plan de rigueur », Jean-Marc Ayrault vient par exemple d’assurer aux Allemands que nous allons faire « des économies de dépenses publiques sans précédent ». Une périphrase pour éviter d’avouer.
Car ce secret est douloureux : le programme d’austérité qui se prépare sera plus dur, plus
sévère que jamais. Aucune chance d’y échapper, la France a tant attendu. La voilà donc placée « sous surveillance renforcée » par le collège des pays européens, contrainte de couper dans les budgets de l’Etat, dans ceux des collectivités locales et dans les dépenses sociales. Une véritable ascèse qu’il ne suffira pas de promettre : notre pays s’est tellement grillé à force d’engagements non tenus. Non, il faudra entrer dans le détail des coupes, et inévitablement, ce plan secret prévoira moins de fonctionnaires, moins de subventions, moins d’Etat providence.
A l’heure où plus aucune conversation téléphonique ne semble pouvoir rester privée, où plus aucune procédure judiciaire ne demeure confidentielle, on pourrait s’étonner que ce vaste plan de rigueur puisse encore s’élaborer en grand secret. Cette étrange discrétion s’explique bien sûr par la proximité des élections. Et puis c’est tellement agréable, une dernière fois, de s’offrir le luxe de ne pas regarder la réalité en face.
Nicolas Beytout