vendredi 21 mars 2014

Mesures antipollution : un tiers d’abus de pouvoir, un tiers de gabegie et un tiers de démagogie

par Nicolas Lecaussin
Et peut-être même un quatrième tiers d’électoralisme, pour capter la sympathie des électeurs verts ! En fait, le pouvoir n’a que mépris pour les usagers, pour les contribuables et pour les citoyens.

L’abus de pouvoir

Dans la Roumanie communiste dirigée par le dictateur Ceausescu, on avait instauré au début des années 1980 la circulation alternée, en particulier en week-ends. Les voitures
dont le numéro d’immatriculation finissait par un chiffre pair avaient donc le droit de circuler un week-end sur deux, voire une semaine sur deux. La raison de cette mesure ne tenait pas à un quelconque souci de l’environnement, mais seulement au bon vouloir du dictateur qui ne voulait pas devoir faire alimenter les stations à essence. Déjà distribuée au compte-gouttes avec des tickets de rationnement, l’essence faisait défaut dans la plupart des stations et là où l’on en trouvait des queues de voitures impressionnantes s’étendaient sur plusieurs kilomètres. Plutôt que d’augmenter les livraisons d’essence (ou de pétrole), le Parti et son chef suprême préféraient interdire la circulation des voitures...
Cette mesure en France d’imposer une circulation alternée, décidée du jour au lendemain, constitue un abus de pouvoir en tous points comparable. Le ministre de l’Ecologie a demandé aux entreprises de faire preuve de "souplesse". Mais comment peut-on être "souple", quand on doit "faire du chiffre" à la fin de la semaine !? Ou bien quand on doit amener les enfants à l’école avant de parcourir des kilomètres jusqu’à son lieu du travail !? On peut y voir la preuve du mépris total pour les citoyens de la part d’un pouvoir complètement étranger à leurs problèmes. Car cette mesure, appliquée dès le lundi, n’a pu être décidée que par des hauts fonctionnaires n’ayant jamais travaillé dans le privé...

Gabegie d’argent public

Un autre abus de pouvoir est aussi la décision de rendre les transports publics soi-disant "gratuits". Ce terme de gratuité est d’ailleurs impropre car, même gratuits, les transports ont un coût qui sera pris en charge par l’Etat, comme nous en a d’emblée rassurés Jean-Paul Huchon, Président PS de la région Ile-de-France ! Or, qui dit Etat, dit contribuables. On estime à plus de 20 millions d’euros le coût de ces 5 jours de gratuité dans les transports. Deux entreprises, la RATP et la SNCF pour le RER, sont concernées, qui vivent déjà sous perfusion d’argent public : 2 Milliards d’euros de subventions publiques accordées à la RATP et environ 12 Milliards à la SNCF. Ces entreprises refusent la concurrence (rappelons que la SNCF a déjà été condamnée plusieurs fois pour avoir mis en œuvre des pratiques qui entravaient la concurrence), et elles refusent leur privatisation avec encore plus de vigueur. Quant à leur personnel, il s’oppose à toute réforme de leur système privilégié de retraites, financé par l’argent siphonné dans les caisses du régime privé… Accorder la gratuité dans ces conditions relève de l’inconscience qui s’ajoute au mépris de l’argent des contribuables !

La démagogie des pouvoirs publics

D’après les pouvoirs publics, les raisons de ces mesures tiennent au niveau élevé de pollution dans la région parisienne à la suite de plusieurs journées ensoleillées sans vent. - D’abord, réjouissons-nous d’avoir bénéficié, enfin, d’un beau soleil ! Par ailleurs, combien de personnes sont-elles mortes par suite de ce pic de pollution ? Les urgences ont-elles été encombrées ? D’après les données, aucun "pic" de malaises n’a été constaté ces derniers jours. Mieux encore : jeudi et vendredi, malgré la gratuité des transports, les bouchons se situaient "comme d’habitude" en région parisienne, tandis que la RATP elle-même reconnaissait ne pas avoir constaté de hausse du nombre de voyageurs dans les transports en commun. Mais l’essentiel est de voir que ceux qui nous gouvernent se préoccupent de notre santé... Sachant mieux que nous ce qui peut être dangereux, ils peuvent en décider à notre place. Le pouvoir les amène à prendre des décisions radicales, au nom d’une démagogie déjà bien rôdée…
(Une version de cet article a été publiée sur FigaroVox le 18 mars)

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