mercredi 19 mars 2014

Pourquoi le monde n'est plus le même depuis la crise en Crimée Après le grand "oui" de la Crimée au rattachement à la Russie, la crise ukrainienne a probablement changé le cours de l'Histoire.

Atlantico : Validé sans surprises par près de 95% des votants, le rattachement de la Crimée à la Russie est un fait officiel depuis hier lundi 17 mars. Attaqué sur la légalité de cette mesure, Vladimir Poutine aurait déclaré que la déclaration d'indépendance de l'Ukraine de 1991 était elle-même illégitime. Faut-il voir dans un tel argumentaire une volonté russe de restaurer la vieille puissance soviétique ? La réalité est-elle plus complexe ?

François Géré : Dès son arrivée au pouvoir en 2000, le président Poutine avait affiché un projet déclaré (mais on ne veut pas lire, pas entendre !) qu’il poursuit avec une remarquable constance : la restauration de la puissance son pays ou, disons, de l’idée qu’il se fait de son pays. Avec obstination, étape par étapes, il va de l’avant.
La crise ukrainienne ne se peut comprendre qu’en fonction de cette grande stratégie de long terme, fondée sur la puissance militaire, énergétique mais aussi sur la séduction culturelle slave avec sa composante religieuse orthodoxe. On peut ridiculiser ce passéisme : mais il existe, il fonctionne et pour une majorité de russes c’est un repère identifiant.

Le mémorandum de Budapest signé en 1994 par la Grande-Bretagne, la Russie et les Etats-Unis supposé garantir l'intégralité territoriale de l'Ukraine se retrouve lui aussi contesté. Faut-il s'inquiéter d'une fragilisation des équilibres européens plus de 30 ans après la chute du Mur ?

Au regard de ces objectifs fondamentaux tous les accords signés durant la période d’abaissement et d’humiliation de
la Russie n’ont évidemment aucune valeur. Ce ne sont que des Traités inégaux. Poutine croit de son devoir de rétablir une sorte de justice dans les rapports de puissance. Il serait temps de s’inquiéter d’une fragilisation que les Etats-Unis et leurs alliés européens ont favorisé.
Côté Etats-Unis, on a indiqué que les Européens devaient une fois pour toutes financer leur sécurité et prendre en charge la stabilisation de ce petit espace riche, prospère quand bien même connaîtrait-il une crise. Côté Union européenne, empêtrée dans ses problèmes d’organisation interne, frappée par la crise, incertaine sur l’Euro, on a mis la défense au dernier rang des priorités.
Il existe un fossé énorme de perception stratégique entre l’UE telle qu’elle est et la Russie. Seuls sont conscients les voisins immédiats de la Russie inquiets par les manœuvres militaires russes le long de leurs frontières. L’UE se révèle incapable de produire un concept stratégique commun servi par des moyens substantiels. Donc se crée un double gap géographique et économique : les pays inquiets pour leur environnement immédiat (les Baltes, les Polonais…) les pays incapables de fournir un centime d’euro pour la défense.
Cet ensemble se voit  aggravé par la prééminence des relations bilatérales entre les pays membres de l’UE et la Russie. Les Allemands, les Italiens, dans une moindre mesure la France tiennent la Russie pour un partenaire majeur. Alors pourquoi sacrifier tout cela  pour Sébastopol ? Comme on disait "Mourir pour Danzig ?"

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