A qui profite le crime ? Une fois digérée cette séquence de scandales aussi sidérante que suffocante, la question des victimes et des bénéficiaires de la salve inédite d’« affaires » ne manquera évidemment pas de se poser.
Cible d’un acharnement des juges sans équivalent, Nicolas Sarkozy voit sa stratégie de retour fragilisée, freinée, hypothéquée. Déstabilisée par les soupçons autour de son secrétaire général et par les écoutes sauvages de Patrick Buisson, l’UMP n’attend que l’après municipales pour se diviser plutôt que s’opposer. Tantôt (trop) silencieux, tantôt (trop) sentencieux, PS et gouvernement gèrent avec bonheur, mais sans faire illusion, ces
révélations, cache-misère opportun à une gestion budgétaire démolie par Bruxelles, à une popularité élyséenne en capilotade faute de résultats. Grand pourfendeur du « tous pourris », le FN attend son heure, sûr de tirer profit d’une supposée décomposition de la République.
Avec les affaires Panama, Caillaux, Stavisky, Ben Barka, Boulin, Elf ou Cahuzac, la République en a vu d’autres. Mais la voilà cette fois confrontée à une crise du pouvoir d’un nouveau genre, symptôme d’un Etat hors de contrôle à force d’impotence, d’un pays en voie de déclassement, d’un peuple paralysé par le doute. L’hypo-pouvoir d’un président sans autorité ni légitimité, incapable de passer des mots aux actes, cohabite avec un hyper-pouvoir coercitif plus diffus, parfois proche de l’arbitraire.
C’est cette confusion des pouvoirs, bien davantage que les scandales supposés ou avérés, qui explique la défiance des Français envers leurs élites. Et notre incapacité à sortir du déclin.