Selon une étude du Boston Consulting Group, les États-Unis ont très fortement amélioré leur compétitivité au cours des dix dernières années vis à vis de tous leurs concurrents, y compris la Chine. La France est le troisième pays le plus cher au monde.
Pourquoi une entreprises américaine irait-elle produire en Chine alors que les coûts de production dans l'industrie manufacturière sont aujourd'hui à peine inférieurs de 5% entre les deux premières économies de la planète? La question coule de source à la lecture du dernier rapport du Boston Consulting Group (BCG), l'un des cabinets de conseil les plus prestigieux au monde. En outre cet écart ne tient-il pas compte des coûts de transport internationaux précise le BCG.
L'étude du BCG ne porte pas seulement sur le face-à-face sino-américain. Elle vise à mesurer les évolutions de compétitivité, en termes de coût de production, pour les industries des 25 pays les plus
gros exportateurs au cours des dix dernières années: ces pays représentent à eux tous 90% des exportations mondiales de produits manufacturés. Outre les salaires, les coûts pris en considération retiennent quatre autres éléments: les évolutions de productivité, les prix du gaz, de l'électricité, et un quatrième facteur fourre-tout, qui comprend notamment les taux de change.
Entre 2004 et 2014 la volatilité a été extrême souligne le BCG: «plusieurs pays ont vu des hausses de salaires annuelles comprises entre 10% et 20% ; la productivité a doublé dans de nombreux pays alors qu'elle a décliné dans d'autres; les taux de change des monnaies ont fluctué grandement, avec des baisses de 20% jusqu'à des appréciations de 35% vis à vis du dollar américain; les coûts de l'énergie, par rapport aux États-Unis ont augmenté dans plusieurs pays de 50% à 200%».
Sept pays sont moins chers que les États-Unis
Dans ce kaléidoscope des facteurs de compétitivité, les États-Unis s'avèrent les grands gagnants. En matière de coûts, et en tenant compte des niveaux de productivité faut -il le souligner, sept pays seulement, et tous des économies émergentes, s'avèrent moins chers que les États-Unis: l'Indonésie, l'Inde, la Thaïlande, le Mexique, la Chine, Taïwan et la Russie (par ordre de coûts croissants). À l'autre bout du spectre et en prenant pour base 100 l'économie américaine, les pays les plus chers sont l'Australie (indice 130), la Suisse (125), la France et le Brésil (tous deux à 124, la première affichant des salaires plus élevés que le second, mais avec en contrepartie une meilleure productivité). L'Allemagne se situe pour sa part au niveau 121.
Le BCG classe les 25 pays en quatre groupes bien distincts, du moins pour ceux qui se trouvent confrontés à des «changements spectaculaires» depuis dix ans. Tout d'abord les pays rationnellement à bas salaires, mais aujourd'hui «sous pression», car leur compétitivité se détériore pour toutes sortes de raisons, et notamment salariales: c'est le cas du Brésil, de la Russie, de la Chine, de la Pologne et de la République tchèque.
Deuxième groupe, les pays à «coûts traditionnellement élevés», mais qui «perdent du terrain», faute d'améliorer leur productivité et en raison d'une hausse de l'énergie: c'est le cas de la France, et à ses côtés, la Belgique, l'Italie, la Suisse et la Suède.
Salaires en progression modérée
Dans un troisième regroupement, certes hétérogène, on trouve les Pays-Bas, l'Inde, l'Indonésie et le Royaume-Uni: leur point commun est «de maintenir leur compétitivité relative face aux leaders mondiaux».
Et enfin les États-Unis et le Mexique sont désignés comme «les étoiles montantes», qui améliorent leur compétitivité vis à vis de tous les autres. Leur recette est de présenter «des salaires en progression modérée, des gains de productivité réguliers, des taux de change stables et des avantages en matière d'énergie». La formule de «taux de change stable» prête évidemment à sourire concernant le dollar, considéré dans l'étude et à juste titre, comme la monnaie au centre du système monétaire mondial, tout comme le soleil est l'étoile autour de laquelle tournes les autres planètes du système solaire.
Quant au couple France-Allemagne, la première étant la lune qui tourne autour de la terre que serait la seconde, le chiffres du BCG montrent qu'en 2004 les coûts de production (base 100 aux États-Unis) étaient de 115 en France et de 117 en Allemagne. En 2014 le rapport s'est inversé, avec un indice 121 en Allemagne et 124 en France. C'était bien sûr avant le «pacte de responsabilité», dont le BCG ne peut évidemment souffler mot puisqu'il n'est pas encore voté, en attendant son éventuelle mise en place.
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