Il y a, en matière de comptes publics, plusieurs façons d’être européen.
Il y a ceux qui estiment que la règle des 3 % et de l’équilibre des comptes est une règle saine, qu'il faut absolument respecter. Ce sont les plus europhiles d’entre nous, persuadés qu’on peut, en quelques années d’effort continu, redresser le pays et son moral.
Il y a ceux qui, à l’inverse, considèrent la règle budgétaire comme une détestable contrainte, mais admettent qu’il faut cependant la respecter. C’est le cas, semble-t-il, d’une bonne partie des Français. Ils vivent la marche vers la stabilité budgétaire comme une épreuve, coûteuse mais inévitable. On trouve dans cette famille eurofataliste les parlementaires du PS les plus « alignés ». Et une partie de la droite.
Ce n’est évidemment pas le cas des frondeurs du PS : europhobes, ils voient les 3 % comme une obligation insupportable, qu’il faut donc absolument contourner. Au minimum en repoussant les échéances ou, pour les plus extrémistes de gauche comme de droite, en refusant carrément le diktat de Bruxelles, ou en sortant de l’euro, ou par tout autre moyen de rupture chimérique.
Il y a enfin ceux qui jugent la règle budgétaire saine, mais… qui veulent néanmoins la contourner. Une étrange combinaison dans laquelle on retrouve curieusement le gouvernement. Lui qui tout à la fois rivalise de mots toujours plus flatteurs pour vanter les mérites de la maîtrise des comptes publics (source de croissance, de redressement, de plein-emploi…), mais ne peut s’empêcher de bidouiller les chiffres de croissance, de promettre l’intenable, de faire valser les milliards pour faire semblant de respecter nos engagements. Il sait que la France sera rattrapée au tournant de la réalité. Mais il transige toujours un peu avec les échéances. C’est la tentation permanente de l’eurofacilité. C’est un petit destin.
Nicolas Beytout
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