Gabriel Lévy
21 avril
2014
Et si nous proposions aux éditeurs de grammaire française
ces exemples de futur antérieur ?
« Quand Monsieur Hollande aura carbonisé son premier
ministre, il dissoudra l’assemblée nationale » ; « Quand il aura
dissous cette dernière, la France deviendra la Grèce. ». Quand la France
deviendra la Grèce… Impossible d’imaginer ce futur antérieur, en dehors du
cauchemar.
La Grèce : le 4 octobre 2009, les socialistes
accèdent au pouvoir. Onze jours après leur arrivée, ils révèlent l’état
économique du pays et annoncent des réformes, encore le font-ils avec retenue.
A la crise économique vient s’ajouter une crise sociale. En 2011, Monsieur
Papandréou propose au parti conservateur la constitution d’un gouvernement
d’union national, après avoir lui-même démissionné.
La France : Sous la pression de nombreux
socialistes nourris d’utopie, ainsi que sous celle de la traditionnelle
extrême-gauche, la majorité devient chancelante. Le président dissout
l’assemblée nationale
pour « passer la main » dans l’espoir que la
droite ne fera pas mieux et que deux ans seront suffisants pour que la gauche
soit exonérée de ses échecs.
Toutefois, cette hypothèse ne peut pas prospérer, car il est
illusoire de concevoir une situation de cohabitation comme celle de MM. Chirac
et Jospin. M. Hollande serait conduit à la démission par une nouvelle assemblée
farouchement hostile, ou à accepter un rôle de représentation pendant les
quelques mois qui le séparent de l’échéance officielle. Il laisserait ainsi
dans l’histoire la trace de l’échec, mais éviterait celle de l’opprobre du
fossoyeur de la France. N’annonce-t-il pas déjà son futur antérieur :
« Si le chômage ne baisse pas, je ne serai pas candidat à ma
réélection » ?
Alphonse Aulard (historien) déclarait en 1885 à un
journaliste : « que la république était belle sous
l’Empire ». M. Hollande avouerait volontiers, dans un soupir, que la
gauche était belle sous M. Sarkozy !
Mais la République peut-elle encore être belle ? « Le présent n’est
plus ce qu’il était et l’avenir n’est pas ce qu’il sera ». Ceci
signifie que pour les nostalgiques, le temps présent ne vaut pas le temps des
30 glorieuses, et pour les pessimistes, que nous ne vivrons plus jamais des
lendemains qui chantent.
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