Correspondant à Bruxelles,
L'Élysée vient de reprendre à Matignon l'administration clef de la politique européenne.
Sarkozy en avait usé cinq. Avec Harlem Désir, Hollande en est à son troisième, en deux ans à peine. Le carrousel des ministres des Affaires européennes, spécialité bien française, n'en finit pas de faire sourire à Bruxelles. À peine le temps de retenir un nom qu'il s'efface. La promotion-sanction du patron du PS français? «Tempête dans un verre d'eau parisien», enchaîne un diplomate.
Ce qui n'est pas passé inaperçu en revanche, c'est le resserrement du dispositif européen de la République autour du président. L'Élysée
vient de reprendre à Matignon l'administration clef de la politique européenne: le secrétariat général des affaires européennes et ses 200 hauts fonctionnaires, installés à Paris. En clair, Valls abandonne l'UE et le président Hollande reprend la main. C'est l'aboutissement logique d'une Europe désormais conduite au sommet. Avec, comme cheville ouvrière, l'un des rares secrétaires d'État aux Affaires européennes qui ait laissé un nom: Jean-Pierre Jouyet, nommé secrétaire général de l'Élysée.«Un métier de représentation essentiellement hexagonal»
Vu de Paris, le portefeuille des Affaires européennes annonce au mieux à une traversée du désert, au pire la sanction d'un échec voir un sas vers l'oubli. C'est un bon prétexte à sarcasmes politiques, à droite comme à gauche. Vue de Bruxelles la perspective est différente: que le ministre en question soit britannique, allemand ou français ou maltais, c'est un poids plume dans les rouages de l'UE. Il pèse moins qu'un ambassadeur. Certains États parmi les 28 n'ont même pas de ministre des Affaires européennes, sans qu'on les accuse de désinvolture. L'Italie de Matteo Renzi vient de supprimer la fonction…
L'eurodéputé Alain Lamassoure, tête de liste UMP en Île-de-France pour les européennes, est passé par ce fauteuil au milieu des années 1990: «C'est un métier de représentation essentiellement hexagonal, dit-il, où il faut expliquer à l'Assemblée ce qui se passe en Europe et expliquer aux eurodéputés ce qu'est la position de la France.» Mais ce n'est pas lui qui négocie ou qui tranche. Les poids lourds européens sont les chefs d'État et de gouvernement, les ministres des Finances et leurs collègues des Affaires étrangères. À Paris comme à Bruxelles, chacun attend que Wolfgang Schäuble ou William Hague s'expriment. Les nouveaux collègues de Harlem Désir peuvent rester en place plus longtemps, mais ce sont aussi des seconds couteaux. Formellement, l'Allemand Michael Roth et le Britannique David Lidington ne siègent même pas dans leur cabinet respectif.
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