La journée de mardi a apporté deux bonnes nouvelles. La première : en France, les entreprises n’écoutent plus le gouvernement. Après Vivendi qui, malgré la désapprobation officielle, cède sa téléphonie mobile à Numericable, voici Alstom qui, en dépit des coups de menton d’Arnaud Montebourg, engage des négociations avec l’américain General Electric. Il faut s’en réjouir, car ce n’est pas en faisant la guerre aux investisseurs étrangers qu’on favorisera la croissance. Seconde bonne nouvelle : la majorité de gauche a voté, cahin-caha,
un programme de stabilité pour trois ans, passant par des économies de 50 milliards d’euros et une baisse des charges sur les entreprises.
Dans les deux cas, ce qui était en jeu, c’était la confiance des entrepreneurs, clé de leur propension à investir et donc de leur capacité à créer de l’emploi. Par leur vote, les députés socialistes, du moins la grande majorité d’entre eux, ont posé un premier jalon pour réconcilier la gauche de gouvernement avec la réalité : ce sont les entreprises, en créant de la richesse, et non l’Etat, en générant de la dette, qui garantissent notre prospérité future. Certes, il en faudra beaucoup plus pour construire un centre de production France compétitif, lutter contre le chômage de masse et combattre le découragement des entreprises qui, depuis deux ans, votent avec leurs pieds en délocalisant sièges sociaux et cadres dirigeants. Ce qui annonce d’autres déchirements au PS. Mais 55 ans après le congrès de Bad Godesberg du Parti social-démocrate allemand, la grande conversion de la gauche socialiste française à l’économie de marché a enfin débuté. On doit l’encourager, même si on n’a plus que ses yeux pour pleurer le temps perdu.
Luc de Barochez
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