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jeudi 24 avril 2014.
Chaque matin, dans « Des Idées Neuves », des professeurs, des directeurs de think tanks, des journalistes agitent, interrogent et bousculent notre système. Leurs projets de réformes inédites et iconoclastes pourraient inciter nos entreprises et nos institutions à imaginer un nouveau modèle économique.
Retrouvez Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, sur les ondes de Radio classique.
Que proposez-vous concrètement ?
Que chaque administration fasse la transparence sur ses dépenses. Votre commune édite un journal
d’information financé par vos impôts ? Vous devriez pouvoir savoir combien a couté sa réalisation, et retrouver cette information dans ce journal. Une entité publique décide d’une campagne de communication ? Vous devriez retrouver dans les différents supports réalisés le coût de la campagne et des prestations mises en avant. Votre conseil général offre un ordinateur à votre fille de 12 ans ? Vous devriez savoir combien cela a coûté, sans avoir à le demander. C’est un très mauvais service que de laisser croire que des choses, financées par nos impôts, sont gratuites. D’une part, comme le dit l’adage, « ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur », d’autre part, c’est la porte ouverte à tous les dérapages.
L’idée, c’est de faire en sorte que l’on connaisse les dépenses faites par les administrations. Est-ce bien cela ?
Exactement. Nous bénéficions tous d’une réelle transparence en tant que consommateur. Quand nous allons dans un magasin ou chez un professionnel de la santé, nous avons tout de suite une vision des prix des biens ou prestations proposés. Le simple fait de ne pas afficher le prix est d’ailleurs un délit. Or nous ne bénéficions pas de la même transparence en tant qu’administrés.
Certes nous avons juridiquement accès aux budgets votés et aux comptes, mais ces documents ne sont compréhensibles que par une minorité de spécialistes, ceux qui les préparent ou contrôlent leur réalisation. Bilan : nous sommes incapables d’avoir une vision claire de ce qui est dépensé avec notre argent. Cet état de fait va à l’encontre de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui prévoit que : « Tous les citoyens ont le droit… [de] suivre l’emploi » de la contribution publique.
Plusieurs propositions ont été faites en ce sens, elles ne sont jamais arrivées à terme, pourquoi ?
Une proposition de loi sénatoriale de 2012 visait en effet à imposer la transparence sur les dépenses de communication des collectivités. Ce texte, comme bien d’autres, n’a jamais été adopté pour de très mauvaises raisons.
Certains prétendent que cela poserait des problèmes de doit de la concurrence, d’autres que cela serait complexe à mettre en œuvre. Ce sont des prétextes. La transparence sur l’utilisation de l’argent public devrait être la norme et les pouvoirs publics ne reculent pas devant les difficultés lorsqu’il s’agit d’imposer des contraintes du même ordre au privé.
Le droit de la consommation s’étale par exemple sur des centaines de pages et prévoit toute une série d’amendes en cas de manquement aux obligations de transparence. Pourquoi faire des différences entre le public et le privé ? Comment peut-on d’un côté contraindre le privé à la transparence et laisser perdurer l’opacité en matière de dépenses publiques ?
Pensez-vous que cela soit une priorité, dans le contexte actuel ?
On sait tous que nos comptes publics sont déficitaires depuis 1974. On cherche désespérément à trouver 50 milliards d’économies. Affichons les coûts ! Cela permettra d’avoir à tous les niveaux une vision plus claire de ce que l’on dépense et aidera à être plus vertueux avec l’argent public.
Cécile Philippe est directrice générale de l’Institut économique Molinari.
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