Bientôt amené à prononcer son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le nouveau Premier ministre devra composer avec les réticences de son propre camp.
L’ambition de Manuel Valls est intacte. Sortir le pays d’un modèle social anesthésiant et engager le parti socialiste sur la voie du libéralisme. Première étape : obtenir la confiance de l’Assemblée nationale. Deuxième étape : commencer à briser les tabous dont la gauche se délecte… et ça va être plus compliqué.
Le nouveau premier ministre n’a inscrit aucun déplacement, aucun rendez- vous à l’agenda avant le 8 avril. Il entend se consacrer au discours de politique générale sur lequel il demandera un vote de confiance. Le discours de politique générale ne devrait faire aucune concession à son ambition de contribuer au changement libéral sans pour autant heurter de front une partie de la gauche et des écologistes qui sont fondamentalement opposés aux orientations de la politique économique. Le président de la République, qui n’a pas d’autre choix que d’accepter tout moyen susceptible de générer des résultats, le laissera faire.
A l’Elysée, on est partagé entre la résignation et le cynisme : « Au point où nous en sommes dans les sondages d’opinion, on n’a plus grand-chose à perdre ».
Manuel Valls sait très bien, lui, que la majorité de gauche ne l’aime pas, mais il en a besoin pour gouverner. Il sait
aussi que les députés de gauche sont sur des sièges éjectables. Or eux aussi tiennent à leur job. Ils sont donc comme à l’Élysée, résignés et cyniques.
François Hollande a donc pris des risques, les députés socialistes ou écolo vont en prendre aussi, mais ils n’ont pas d’autre choix. Manuel Valls les tient en otage.
Pour sauver les apparences, les susceptibilités et les ego, Manuel Valls va mettre les formes. Il sait faire, il est épaulé très fort par Alain Bauer - un personnage clef de la république - et a retrouvé son ami Stéphane Fouks, qui va reprendre du service dans les palais de la République après en avoir été écarté pour cause de trop grande proximité avec Dominique Strauss-Kahn.
Ce trio infernal prépare donc le discours avec deux objectifs qu'ils faut absolument concilier… Mais qui ciblent deux marchés de clientèle dont les ressorts sont parfois contradictoires à court terme.
Un, séduire le marché des chefs d’entreprise parce qu’ils tiennent la clef de la création de richesse. Le discours va donc réaffirmer des convictions libérales, mondialistes et modernistes. Avec une liste précise de moyens qui doivent libérer la capacité d’initiative des entreprises.
Deux, neutraliser la grogne et la rogne du marché politique de gauche. La gauche dans son ensemble attend certes des résultats, mais préfèrerait ne pas savoir par quel moyens.
Pour marier ces deux exigences, l’équipe des conseillers de Manuel Valls va développer une pédagogie classique qui consistera à démontrer qu'on ne peut distribuer des revenus qu'après les avoir créés. Démontrer aussi qu'on ne peut protéger un modèle social, aussi généreux soit-il, que si et seulement si, il est correctement géré.
Concrètement le premier ministre va jouer sa partition en mariant le pacte de responsabilité et un pacte de solidarité.
Le pacte de responsabilité va lister les 50 milliards d’économies qui ont été identifiées, mais gardées secrètes jusqu’au 8 avril.
Le pacte de solidarité, lui, est assez vide. Il devrait aligner un certain nombre de vagues promesses de redistributions et d’engagements possibles réalisables si, et seulement si le pacte de rééquilibrage budgétaire s’applique.
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