Maintenant que la France se retrouve dans la seringue de l’austérité, et puisqu’elle a (enfin) cessé de prétendre vivre au-dessus des règles de l’Europe et de la loi des marchés, la question est désormais de savoir ce qu’il faudrait faire pour que « ça marche ». Car l’austérité n’est pas un but en soi, c’est un moyen pour restaurer la croissance. Elle est nécessaire donc, mais pas suffisante.
C’est pourquoi le plan Hollande-Valls aurait dû comprendre 3 volets supplémentaires. D’abord le partage. L’obsession de la « com’ » et de la vitesse d’exécution, la volonté de
surjouer un esprit de décision et une image d’autorité ont fait oublier au Premier ministre cette règle d’or : les efforts ne sont consentis par un peuple que s’ils ont été conçus et choisis avec lui. Pas dans le secret d’un bureau présidentiel. Le dernier à l’avoir appris à ses dépens s’appelle Alain Juppé, qui avait tenté le même choc d’annonces et qui ne s’est jamais remis des dernières grandes grèves du pays.
Deuxième règle impérative, l’audace. Pas seulement le courage, celui d’affronter les mécontentements, mais l’audace de toucher aux structures de la société. C’est toute la différence entre un gel des pensions et une réforme des retraites, entre un gel des salaires des fonctionnaires et une réforme touchant leur statut, leur nombre, leurs missions. C’est toute la différence entre une austérité perçue comme un coup de hache et une rigueur comprise comme une cure salvatrice.
Troisième règle absolue, l’espoir. Parce qu’un plan d’austérité a forcément des effets récessifs et dépressifs, il n’est supportable que s’il débouche sur la certitude d’un mieux. Concevoir le plan comme le dernier rempart contre le déclin de notre modèle social est un cauchemar. En faire un moyen de rebondir, parler avenir, investissements, talents aurait fait davantage rêver.
Nicolas Beytout
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