A chaque jour son éclat de rire, à chaque jour son éclat de voix. C’est à cela que se réduit en ce moment l’exercice du pouvoir, où alternent les loufoqueries réelles ou supposées d’une madone de l’écologie et les coups de gueule des députés socialistes contre leur camp, les excentricités d’un petit marquis élyséen et les huées du « peuple de gauche » contre un chef de l’Etat qui pensait se grandir en s’abritant sous la statue de Jaurès à Carmaux.
On hésite à trancher : qu’est-ce qui est le plus grave, le ridicule de dirigeants qui se complaisent dans les ors et les pompes ( !) de la république, ou leur incapacité à définir une
politique et à la tenir ? Dans tous les cas, cela projette une image catastrophique du pouvoir. Loin, très loin de la normalité revendiquée naguère comme repoussoir de l’anti-modèle Sarkozy.
Tout cela pourrait n’être qu’anecdotique. C’est beaucoup plus sérieux qu’il n’y paraît. Car l’échec de la maîtrise de nos comptes publics le démontre concrètement, le travail que la France a à mener sur elle-même reste considérable. Nous n’avons encore fait qu’effleurer le chantier. La remise aux normes de nos comptes, de notre compétitivité, de notre capacité à créer de la croissance et des emplois exigera beaucoup plus que ce que le gouvernement s’apprête à défendre âprement. Ce qui est tellement difficile pour un pouvoir aussi dramatiquement impopulaire, devient presqu’impossible avec un personnel politique aussi divisé et discrédité. Inutile d’exiger d’un peuple qu’il accepte de remettre en cause son modèle social, qu’il se serre la ceinture et renonce à une partie de ses avantages, si ses dirigeants ne sont pas capables d’inspirer confiance. Pour y parvenir, au coup d’éclat permanent le pouvoir devrait préférer une attitude personnelle empreinte d’austérité et un comportement collectif fait de rigueur.
Nicolas Beytout
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