Posted On 01 avr 2014
Michel Garroté, réd en chef – Pour les médias européens, le nouveau Premier ministre français, Manuel Valls, est tour à tour centriste, libéral ou social-libéral, une figure dont l’aile gauche du PS se méfie (voir les sources en bas de page). Libéral, blairiste, centriste, c’est ainsi que la presse étrangère a qualifié Manuel Valls, quelques heures après sa nomination au poste de Premier ministre.
Royaume-Uni
Selon le gauchiste The Guardian (équivalent de The New-York Times, de Le Monde et de Haaretz), Valls est un réformateur dans la lignée de Tony Blair. Un point de vue partagé par le magazine Times qui titre : « Hollande en difficulté nomme un dur au poste de Premier ministre ». Manuel Valls est d’ailleurs qualifié de centriste par l’agence de presse anglo-saxonne Reuters et de libéral sur la BBC.
Pour The Daily Telegraph, cette nomination représente une menace potentielle pour le très impopulaire M.
Hollande, alors qu’un récent sondage suggère que M. Valls aurait bien plus de chances que son patron de remporter la prochaine présidentielle.
Hollande, alors qu’un récent sondage suggère que M. Valls aurait bien plus de chances que son patron de remporter la prochaine présidentielle.
« L’absence de réaction aurait convaincu les électeurs que le président faisait la sourde oreille » aux demandes d’un changement de gouvernement, commente le The Financial Times.
Encore faudrait-il savoir si le mot « libéral » est ici utilisé dans le sens anglo-saxon ou dans le sens latin. S’il est utilisé dans le sens anglo-saxon, alors le mot « liberal » signifie « aile gauche de la gauche » ou « gauchiste » ; et non pas libéral dans le sens latin du mot, soit « favorable à l’économie libre de marché » (le mot « libéral » dans ce sens-là est presque un mot obscène en France).
Italie
Le quotidien Il Sole 24 Ore, le présente comme le socialiste qui fait un carton chez les électeurs de droite. Durant ces deux dernières années, il s’est fait une réputation de dur, il ne plaît pas à l’extrême gauche qui a souvent demandé sa tête.
Pour Il Fatto quotidiano, cette nomination est un signal très fort à l’attention des électeurs qui ont voulu punir la gauche lors des élections municipales.
La Repubblica estime que le nouveau Premier ministre est un homme qui suscite de fortes passions, d’amour et de haine et avance que de nombreux observateurs le comparent à Matteo Renzi pour son attitude directe et dépourvue de crainte révérencielle.
La Stampa estime qu’il s’agit là d’un choix hasardeux, que d’aucuns qualifient déjà de cohabitation entre le président et son Premier ministre, tant les deux hommes semblent différents et incompatibles. Valls est unanimement reconnu comme le représentant de la droite socialiste, libéral en économie et républicain dans les valeurs, ajoute La Stampa, pour qui il s’agit là en tous les cas d’un tournant absolu par rapport au social-démocrate Ayrault.
Allemagne
Valls est très controversé dans son propre parti et il est considéré comme un représentant de l’aile droite du parti, raconte le magazine gauchiste Der Spiegel, qui rappelle que Valls s’était opposé à son parti sur la loi des 35 heures ou sur l’âge de la retraite à 60 ans qu’il ne juge pas durable.
La Süddeutsche Zeitung estime que les effets de ce remaniement ne pourront pas durer. Les problèmes demeurent : le président doit trouver une stratégie pour ranimer l’économie, redresser les finances, soulager les citoyens et empêcher une fronde au sein de son parti, explique-t-il.
Même son de cloche dans les colonnes du quotidien Die Welt, pour lequel le changement du Premier ministre et de deux, trois ou dix-neuf ministres n’aura guère d’importance sur le fond, au mieux une valeur psychologique.
De son côté, le quotidien Handelsblatt s’interroge sur la mission confuse confiée par Hollande à Valls, décrit comme quelqu’un d’obstiné. Enfin, la Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que pendant longtemps Hollande n’a pas fait confiance à ce Valls envahissant et habitué au succès. Maintenant, le socialiste de 51 ans doit le sauver de la situation épineuse qui est celle de sa carrière présidentielle encore courte.
Espagne
La presse espagnole insiste quant à elle sur les origines du nouveau chef du gouvernement. Manuel Valls, 51 ans, est en effet né à Barcelone et a été naturalisé à l’âge de 20 ans. Valls, un Espagnol pour un gouvernement de combat, écrit le gauchiste El Mundo, tandis que La Vanguardia salue en Valls un Premier ministre français de Barcelone, supporter du Barça qui parle catalan, mais aussi, souligne le quotidien, le castillan et l’italien.
Hollande met un dur à la tête du gouvernement après l’échec électoral, titre de son côté El Pais. Réagissant à chaud au cataclysme des municipales, le président nomme Premier ministre l’homme politique d’origine catalane Manuel Valls et promet de baisser les impôts pour les salariés, explique le quotidien.
Dans le portait qu’il lui consacre, titré « Manuel Valls impose sa loi en France », El Pais s’attarde sur l’affaire Dieudonné, et cite Edwy Plenel, le directeur du site d’extrême-gauche Mediapart, qui voit en Valls « un petit Napoléon, une catastrophe pour la droite ».
Et El Pais de conclure : « Adulé par les femmes, jalousé par la droite, Valls est le nouveau modèle de la politique française. Et son projet de succéder à son ami et patron en 2017 semble mieux engagé que jamais ».
Reproduction autorisée avec mention :
Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info
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