En écoutant le Premier ministre dérouler son discours de politique générale, nos partenaires européens ont dû subitement comprendre pourquoi, il y a une dizaine d’années, Manuel Valls avait fait campagne pour le « non » au référendum européen, avant finalement de voter « oui ». Et ils ont dû réaliser qu’ils avaient désormais de bonnes raisons de s’inquiéter de la trajectoire de la France. Le plus officiellement du monde, en effet, le chef du gouvernement a annoncé que la France allait entamer un bras de fer avec l’Allemagne et la Commission européenne. Ce fut dit en termes élégants, mais sans détour : La France refuse l’austérité, et l’Europe n’a qu’à l’admettre, puisqu’elle « ne peut et ne pourra jamais se passer de la voix de la France ».
D’un seul coup, tout devenait facile : libéré de cette douloureuse contrainte de réduction
accélérée de nos déficits publics, le Premier ministre a pu multiplier les promesses de baisses d’impôts, de taxes, de prélèvements, distribuer les milliards et promettre de revenir sur ce capharnaüm confiscatoire de la première partie du quinquennat socialiste. Quel bonheur, quelle simplicité, quelle belle feuille de route !
Malheureusement, une fois de plus, la France prend la responsabilité de piétiner sa propre parole, ses propres engagements. Malheureusement, le gouvernement sacrifie le long terme –le redressement de nos finances publiques- à la reconquête politique immédiate. Au tout début de son discours, Manuel Valls s’était joliment exclamé : « Trop de souffrance, pas assez d’espérance ». En repoussant une nouvelle fois notre retour à meilleure fortune budgétaire, en distribuant les milliards supplémentaires sans les financer au premier centime, la France achète un peu d’espérance, sans pouvoir échapper un jour à davantage encore de souffrance.
Nicolas Beytout
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