Alea jacta est, le sort
en est donc jeté : poussé dans ses derniers retranchements, le pouvoir
socialiste se jette à l’eau à reculons et va même, dans une démarche
quasi-mystique, jusqu’à aller tirer de son sommeil Jean Jaurès dans sa bonne
ville de Carmaux.
Mais cinquante milliards d’euros d’économies sur trois ans suffiront-ils jamais à conjurer le mal français ? Encore qu’il serait plus judicieux de parler de cinquante milliards par an, soit en tout cent cinquante milliards répartis sur la période considérée 2015-2017.
Or
même en admettant que cinquante milliards d’euros représentent, aux yeux du
gouvernement, un effort insurpassable sans
quoi tout serait politiquement
perdu, il n’en demeure pas moins vrai que, déjà, les carottes sont cuites...
Voici pourquoi.
Dans
un savant (?) flou artistique, Manuel Valls a détaillé la ventilation des
cinquante milliards d’euros d’économies sur trois ans : 21 milliards en 2015
suivis de 16 milliards en 2016 et enfin 13 milliards en 2017 : 21+16+13 = 50
milliards et vogue la galère.
Pour
Agnès Verdier-Molinié*,
directeur de la Fondation iFRAP et orfèvre en la matière, ce sont au bas mot 60 milliards par an
qu’il faudrait économiser pour espérer venir à bout de l’apparente malédiction
qui, depuis quarante ans, retient la France en otage :
“Maintenant, il est temps de
présenter l’addition : elle est salée. Ces services publics, que les autres
pays nous envient de moins en moins, nous ont en partie ruinés et une bonne
part de notre dette est imputable au fait que que nous “surpayons” ces services.
Ce surcoût peut être évalué à 60 milliards d’euros par an : 18,5 milliards au
niveau de l’Etat, 11,6 à l’échelon local et 29,9 sur le social”.
Diantre !! Mais Mme Verdier-Molinié ne fait certainement pas état d’un tel
montant, en effet faramineux surtout s’il s’agit d’en démultiplier le montant
intégral sur plusieurs années, sans s’être auparavant assurée d’en justifier
sans conteste tous les termes. Ainsi :
“Quand notre pays dépense 27,7% de
sa richesse nationale à produire ses services publics, les pays de l’Union
européenne dépensent 24,9%, sans différence notable en termes de qualité du
service public et de niveau des prestations. La différence entre ces deux
chiffres ? 60 milliards d’euros, qui pourraient donc être économisés chaque année
à un horizon de sept ans si l’effort commençait en 2013 !”.
Pour
faire court, les 50 milliards sur trois ans du pacte de responsabilité prôné
par François Hollande et dont Manuel Valls est prié d’assurer le service après
vente représentent-ils, à eux seuls, les 2,8% du PIB (en trop) qui nous
séparent de nos voisins immédiats ?
Poser
la question c’est y répondre et il est donc fort à craindre que Bruxelles, si
le malheur voulait que nous ne concevions pas l’urgente nécessité d’amender
notre point de vue, ne se trouve alors dans l’ardente obligation de nous faire
publiquement la leçon.
François de Closets**
: “Le plus insupportable,
dans de telles circonstances, c’est de voir le club de naufrageurs, les hommes
politiques et les partis qui ont ruiné le pays, garder les commandes et
s’apitoyer sur le sort des naufragés. Ne laissons pas l’indignation aveugler la
réflexion et pas davantage le long terme nous voiler le court terme. Nous
aurons bien des défis à relever dans les vingt, trente ou cinquante ans à
venir, mais il faut d’abord nous interroger sur ceux qui nous attendent dans
les prochaines années”.
______________
* A. Verdier-Molinié : “60 milliards d’économies
(oui... mais tous les ans)” (Albin Michel, février 2013).
**François de Closets : “Maintenant ou jamais
(Une dernière chance pour la France)” chez Fayard, septembre
2013.
Librement !
Philippe S. Robert
http://sully1.typepad.com
02400 FRANCE
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