Longtemps symbole de ce que le socialisme ouvrier avait de plus mythique, Carmaux, théâtre des grandes grèves du charbon et du verre à la fin du XIXème siècle, sera ce mercredi le lieu où se concentreront tous les signes d’un pouvoir en miettes.
Etape obligée de toute bonne campagne électorale de gauche, Carmaux avait reçu en futur triomphateur le candidat François Hollande. Président élu, magistralement impopulaire, le voilà qui y retourne, contraint cette fois à une visite-éclair sous bonne protection policière.
Carmaux, ville historique de Jean Jaurès que tout bon militant socialiste se doit de citer dans ses discours -et Manuel Valls encore lors de sa déclaration de politique générale, est depuis toujours ancrée à gauche. Mais ses habitants ne pourront pas approcher le chef de l’Etat
prononçant son discours : l’accès à la salle François-Mitterrand se fera sur invitation, dûment contrôlée.
Deux ans seulement se sont écoulés depuis la harangue du « candidat de la constance » (sic) et ses attaques contre Nicolas Sarkozy, l’adversaire. Relira-t-il son discours de Carmaux, dans lequel il reprochait au président sortant « les différences entre ses paroles et ses actes » ? Osera-t-il redire, de la même la voix vibrante d’orateur passionné, qu’il se revendique toujours de « la pensée de cette figure du socialisme » et se « réclame de la synthèse de Jean Jaurès entre l'idéal que nous devons servir et le réel qui est devant nous » ? Un réel qui prend aujourd’hui la forme de l’austérité, et un idéal déchu, celui d’une majorité déchirée à laquelle lui et son Premier ministre doivent désormais résister.
Carmaux, deux heures dans la vie d’un président, une éternité pour oublier Jean Jaurès et son funeste constat : « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots ».
Nicolas Beytout
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