Depuis le dernier remaniement ministériel, Najat Vallaud-Belkacem n’est plus la porte-parlote du gouvernement ce qui explique sa relative discrétion dans l’actualité. Cependant, cette discrétion ne l’empêche absolument pas de continuer à exercer ses méphitiques influences comme le démontre la seconde lecture de son projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes à l’Assemblée Nationale. Réjouissez-vous : grâce à elle, on se rapproche tous les jours un peu plus d’un monde magique où l’égalité sera enfin parfaite, universelle et aussi totale que la solution sera finale.
Et que trouve-t-on dans la jolie loi de Najat ? Comme d’habitude lorsqu’il s’agit de corriger un problème qu’on ne s’était pas posé et pour lequel les Français n’ont pas voté et n’attendaient rien de spécial, la ministricule entend mener son combat par l’introduction subtile de contraintes supplémentaires sur les entreprises, avec l’adoption d’une disposition visant à renforcer le nombre de femmes dans les conseils d’administration de certaines entreprises. Auparavant, il s’agissait de celles qui comptaient au moins 500 salariés. À présent, le seuil est abaissé à 250, y compris lorsque
l’entreprise n’est pas cotée en bourse, et le taux de femmes dans les conseils d’administration devra atteindre 40%.
Devant cette simplicité toute belkacémiste, quelques questions se posent.
Pourquoi 40% ? Après tout, la vraie égalité Homme-Femme pardon Femme-Homme, c’est autant de l’un que de l’autre, 50%, donc, n’est-ce pas ? On comprend mal le choix d’un 40% dégoté d’on ne sait où, qui, en réalité, légitimerait presque l’inégalité scandaleuse qu’on observe. Pour rappel, il s’agit d’un texte de loi, et, sur le plan de l’écriture, tout est permis. Rappelons d’ailleurs que, pour nos amis socialistes, la réalité s’est toujours pliée à leurs exigences législatives et non le contraire. Dès lors, faisons preuve de courage et visons 50% et non ce timide 40% qui sent bon le compromis mollasson avec les forces patriarcales machistes ! Obligeons toutes les branches, toutes les entreprises, toutes les professions à employer une femme pour chaque homme. Najat, je compte sur vous !
Pourquoi s’arrêter aux femmes ? Comment justifier que cette loi fasse si judicieusement remarquer l’inégalité criante qu’il y a entre les sexes alors qu’il y a tout autant d’inégalités si l’on regarde d’autres critères tous aussi importants ? Ainsi, comment ne pas noter l’incroyable sur-représentation des Blancs dans les conseils d’administrations des principales entreprises françaises, sous le prétexte, fort fallacieux à vrai dire, que c’est ainsi depuis des lustres ? Difficile aussi de ne pas voir qu’on trouve fort peu de tétraplégiques dirigeants d’entreprises du CAC40, ou que les partis politiques contiennent un nombre extrêmement restreint de nains ou d’autistes, alors qu’ils affichent une insolente proportion d’hydrocéphales. De même que cette loi entend ramener à de justes proportions les femmes dans les entreprises et les partis politiques français, il est donc plus que temps qu’une loi s’intéresse de près à la quantité invraisemblable d’imbéciles heureux aux seins des administrations, de nains intellectuels sur les plateaux télés ou de personnes beaucoup trop valides dans les entreprises cotés en bourse. Ces disproportions flagrantes doivent cesser. Najat, à toi de jouer !
Pourquoi s’arrêter aux entreprises de 250 salariés et plus ? Pourquoi ne pas imposer ça àtoutes les entreprises qui ont des salariés ? Tout ceci est, là encore, fort timoré. Comme on le sait, en France, la plupart des entreprises sont de petites structures économiques, où le nombre d’employés est naturellement restreint tant par l’activité (elle même restreinte, surtout actuellement) que par la loi et les contraintes du code du travail (pas du tout restreints, eux) qui introduisent ces délicieux effets de seuil, tant de fois remarqués, jamais remis en cause. Alors je te le demande, Najat : pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas imposer ta jolie loi à toutes les entreprises pour qu’à chaque niveau de hiérarchie, on s’approche tous les jours un peu plus d’une saine égalité stricte, mesurée aux instruments les plus précis ? Allez, Najat, tu peux le faire !
Mais avant de se lancer, ainsi, dans la refonte de la loi pour l’amener comme un trépan pétrolier toujours plus loin, toujours plus profond, peut-être est-il nécessaire de s’interroger : en quoi tout ceci améliore-t-il la situation, tant au niveau de l’égalité qu’au niveau de l’emploi dont la rumeur voudrait qu’il soit normalement la première préoccupation de l’équipe en place ?
Au niveau de l’égalité, on se demande en effet ce que cette loi apporte si ce n’est une contrainte supplémentaire. En effet, Najat aura beau fermer ses petits poings et se rouler par terre en vitupérant contre la méchanceté du réel, le risque évident d’une telle loi est que, lorsque des femmes manqueront dans les postes de direction, on y place l’une ou l’autre collaboratrice qui comblera simplement une contrainte légale. D’ailleurs, si l’on transpose la proposition pour les hommes, cela reviendrait à imposer un certain nombre d’hommes à des postes où les femmes sont majoritaires (enseignement, justice, fonction hospitalière). J’aimerais savoir comment les équipes seront remplies si les postes ouverts restent vacants faute de volontaires. Le risque d’un remplissage arbitraire avec le tout venant est grand, et ne pourra pas être évité.
Et puisqu’on n’aura pas choisi les personnes d’abord pour leurs compétences mais pour leur sexe (ou identité de genre, je ne sais plus, je m’y perds ces derniers temps), la conséquence logique est qu’on risque fort de voir apparaître des incompétentes ou des cruches à des postes importants… tant dans les entreprises que dans les partis politiques, d’ailleurs.
L’exemple donné risque fort d’avoir des effets délétères sur le but même de l’opération. D’autant qu’au passage, on se demande ce qui va se passer pour les directions (rares mais existantes) qui comptent plus de femmes que d’hommes : status quo ? Quota d’hommes ? On s’en fiche, l’égalité c’est pour les femmes, pas les hommes ? Allez savoir.
Quant à l’effet sur l’emploi, je ne vois pas par quelle contorsion économique ceci va pouvoir s’avérer bénéfique. Très concrètement, il s’agit d’une nouvelle contrainte qui va alourdir encore un peu plus l’embauche ou la simple marche des entreprises concernées. Du reste, on imagine mal des entreprises de plus de 250 salariés s’enquiquiner longtemps avec ce genre de contraintes parfaitement périplaquistes à leurs activités et le risque de délocalisation des conseils d’administration est particulièrement élevé (et ce n’est pas comme si ce n’était pas déjà le cas). De même, on imagine aussi mal des entreprises embaucher un quota de femmes alors que les annonces ne peuvent pas, légalement, refuser les candidats masculins.
Bref, à l’instar d’une Marisol à la Santé qui nous pond une loi navrante, ou d’une Ségolène à l’Environnement qui agite de l’air chaud, la loi de Najat sent la bonne grosse foutaise.
Quelques bons points surnagent cependant dans ce gloubiboulga bien-pensant. D’une part, l’abaissement du seuil n’interviendra pas avant le premier janvier 2020. D’ici là, on l’aura compris, tout peut arriver, et c’est très bien ainsi : on ne peut écarter que cette loi magnifique subisse le même sort que celui réservé à la loi consternante de Duflot.
D’autre part, l’application à la fonction publique de ces éléments est en route, à marche forcée, puisque c’est en 2017 que les 40% devront être atteint dans les belles administrations du pays. La rigolade sera intéressante à observer (surtout dans ces administrations déjà largement féminisées ou on attendra avec gourmandise le retour à une proportion paritaire d’hommes), d’autant que les députés, contre l’avis du gouvernement, ont aussi voté la nullité des nominations intervenues en violation de cette obligation. Voilà qui va assurer que les administrations se rangeront docilement derrière le législateur, sans hurler.
Avant de conclure, je tiens à préciser que si les lois de Duflot, Royal, Touraine et maintenant Belkacem sont catastrophiques, ce n’est évidemment pas parce que ce sont des femmes, mais bien parce que ce sont des socialistes et des incompétentes. Et qu’elles se rassurent : les projets dans les tuyaux de Sapin, Montebourg et autres avatars masculins du gouvernement sont tout aussi pourris.
Au moins, reconnaissons au gouvernement un certain talent pour l’égalité homme-femme : ils sont tous aussi nuls les un(e)s que les autres
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