Sur fond de déprime générale, la bataille idéologique au sein de la gauche ne fait que débuter. Et elle s’annonce dévastatrice tant elle s’inscrit dans une phase de radicalisation sociale difficile à défricher. Cet affrontement entre les deux gauches, le camarade François s’est gardé de le trancher à la tête du PS. Cette clarification doctrinaire, le candidat Hollande l’a évitée durant une campagne tout orientée contre la finance, les riches et l’austérité. Six mois après le virage social-démocrate, l’agenda politique impose au président son heure de vérité. Au pire moment : intermittents et cheminots font pression. De la pire manière : frondeurs et autres objecteurs écologistes fragilisent la majorité quand la capacité du pays à se réformer est sous surveillance.
Finie l’époque où le tête-à-queue présidentiel était présenté comme une accentuation de l’action gouvernementale. Preuve du fourvoiement des deux premières années, Manuel Valls apparaît comme le fossoyeur de Hollande I, comme le petit timonier du grand bond en
arrière. Recul sur la fiscalité : le Premier ministre assure que « trop d’impôt tue l’impôt » quand il n’était question que de « réhabiliter l’impôt ». Recul sur le logement : monstre législatif, la loi Duflot sera corrigée pour « libérer les énergies ». Recul sur les charges des emplois à domicile, sur les auto-entrepreneurs…
Dans cette realpolitik de gribouille, Manuel Valls se présente en incarnation de la lucidité, de la vérité et de l’autorité. Pas sûr que cela suffise à sauver un président impopulaire accusé d’égarement, de trahison et de discrédit pour être sorti tard, trop tard de l’ambiguïté.
Rémi Godeau
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