mercredi 25 juin 2014

La voie libérale : le nouveau visage que se construit lentement mais sûrement François Fillon

François Fillon joue "la rupture". Dans une interview publiée dans l'Express ce mercredi, l'ancien Premier ministre dévoile son programme économique autour d'un mot clef : la liberté. Un visage clairement libéral que l'ancien séguiniste affiche toutefois depuis de nombreuses années... par petites touches.


Atlantico : Dans l'interview que François Fillon a donné au Telegraph le 18 juin (voir ici), l’ancien séguiniste fait l’éloge de Margaret Thatcher, regrettant que la France n’ait jamais connu "de révolution thatchérienne", et tacle les universités françaises, "des foyers du marxisme". Il récidive dans une interview à paraître dans l’Express (voir ici) ce mercredi. Pourquoi assume-t-il enfin son positionnement libéral et pourquoi a-t-il choisi de faire cette déclaration depuis Londres ?

Jérôme Chartier : François Fillon assume clairement que Margaret Thatcher ait réussi à conduire un programme qui a sauvé l’Angleterre, mais il assure aussi son héritage gaulliste.
C’est ce qui fait de lui un homme particulier dans le paysage politique français. Il est attaché aux valeurs régaliennes de l’Etat teintées de colbertisme tout en assumant sa vision très libérale de l’économie et en particulier du droit du travail. Il n’y a pas de grand écart. Un exemple, sur l’Agence des participations de l’Etat qui gèrent l’ensemble des participations de l’Etat dans les grandes entreprises.  Certains pourraient voir une action colbertiste, c’est-à-dire de vouloir diriger les entreprises, là où François Fillon voit en fait la participation détenue de façon stratégique. Pour lui, cela permet soit d’encourager les entreprises de façon momentanée, soit de permettre aux grandes entreprises de disposer d’un actionnaire stable et de référence. C’est une vision libérale où il n’y a pas d’immixtion de l’Etat mais où il assure la stabilité dès lors que c’est une entreprise stratégique. 
Il a assumé son appel de Londres et cette double référence au Général de Gaulle et au modèle thatchérien qui a été un
modèle de rupture totale avec la pratique du gouvernement précédent. C’est un appel au réalisme économique qui ne peut s’appuyer que sur une vision libérale de l’économie teintée d’un regard gaulliste sur la détention de positions dans les secteurs stratégiques et sur le rôle régalien et régulateur de l’Etat. Ce rôle s’exprime aussi par une armée et un dispositif militaire en adéquation avec un pays qui est la cinquième puissance mondiale.
Jérôme Sainte Marie : L’image de François Fillon a quelque chose de paradoxal. Par exemple, le quinquennat précédent lui a permis de construire sa différence, notamment durant les premiers mois, par rapport à un Nicolas Sarkozy transgressif, voire perturbant pour ses propres électeurs. En cette période où le Premier ministre est devenu durablement plus populaire que le Président de la République, François Fillon a incarné une droite patrimoniale, ferme dans la défense de ses valeurs et de ses intérêts, mais mesurée dans son expression. Il ne faut pas oublier que c’est lui qui a déclaré être à la tête d’un Etat en faillite, et qui avait écrit auparavant, en 2006, un ouvrage dont le titre – "La France peut supporter la vérité" - indiquait sans équivoque sa volonté réformatrice. L’étonnement par rapport à l’interview donnée au Telegraph n’est donc pas dans le contenu, mais plutôt dans son cadre londonien.
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