Les bons élèves sont toujours très agaçants. Il y a ceux qui ont de la facilité en tout ; ils ne friment pas forcément mais leur désinvolture là où les autres triment est assommante. Et puis il y a les besogneux ; ils ne la ramènent pas toujours mais leur application à réussir leur ôte toute indulgence vis-à-vis des derniers de la classe.
A défaut de pouvoir corriger cette injustice – il y aura toujours des meilleurs et donc des moins bons élèves- le ministre de l’Education a un plan : supprimer la notation, ou à tout le moins éradiquer les mauvaises notes pour leur enlever toute dimension potentiellement punitive. Les mauvais élèves seront toujours à la traîne, mais personne ne le saura, et tout traumatisme sera ainsi évité.
Ce brillant principe du nivellement par le milieu peut également servir à l’international. C’est
en tout cas la manœuvre que va tenter la France en relançant cette semaine, avec la bienveillance de son copain italien du fond de la classe, la énième opération d’assouplissement des règles de discipline budgétaire. Notre économie est quasiment à l’arrêt, le niveau de l’emploi enfonce ses plus bas, nos engagements européens ne sont jamais respectés; qu’à cela ne tienne, il suffit de modifier les barèmes de notation et d’allonger, pour les mauvais élèves, les délais impartis jusqu’ici.
Reste à faire admettre ce principe émollient à toute la classe. Ce ne sera pas chose facile. Non seulement parce que les premiers y sont fermement opposés (ces Allemands sont agaçants), mais aussi parce que les besogneux, tous ces ex-cancres qui ont fait des efforts démesurés pour sortir du bas de tableau, ne supportent pas l’idée qu’on épargne aux autres ce qu’on a exigé d’eux.
Supprimer les notes en-dessous de 10 ne transformera pas un cancre en génie. Et relâcher les règles européennes ne redressera pas notre économie.
Nicolas Beytout
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