Et un, et deux, et trois… et quatre : près de quatre millions de foyers qui devaient payer l’impôt sur le revenu en seront exonérés en tout ou en partie. C’est sur la fiscalité que le gouvernement Ayrault avait dévissé en nourrissant le ras-le-bol fiscal. C’est sur les baisses d’impôts que l’équipe Valls semble vouloir reconquérir le terrain perdu par la gauche dans l’opinion publique.
Sur le principe, cette décision ne peut qu’être applaudie : ce pays est tellement abruti de prélèvements ! Cependant, il n’y a que très peu de chances pour qu’elle soit efficace.
Sortir des millions de Français du système de l’impôt sur le revenu revient en effet mécaniquement à concentrer la charge fiscale sur un nombre toujours plus réduit de
contribuables, lesquels payent de plus en plus. Une tendance stupide qui, en exonérant des millions de Français de toute contribution positive, revient à donner le sentiment que les efforts ne sont pas pour tous et à les couper progressivement de ce lien avec l’Etat. Parallèlement, on assomme avec bonne conscience une autre partie de la population, les classes moyennes et supérieures qui, elles, finissent par détester ce lien toujours plus confiscatoire avec l’Etat.
En outre, les cadeaux fiscaux n’auront qu’un temps : toutes ces sucreries reposent en effet sur des hypothèses de croissance et des engagements de maîtrise des déficits aujourd’hui impossibles à tenir. On sait donc à coup sûr qu’il faudra, un jour prochain, corriger le tir, supporter de nouveaux tours de vis, au prix de nouvelles exaspérations dans l’opinion. Manuel Valls, lors de son discours de politique générale, avait dit d’une voix forte : « Beaucoup de nos compatriotes n’y croient plus. Ils ne nous entendent plus. La parole publique est devenue une langue morte. » Le Premier ministre devrait se relire de temps en temps.
Nicolas Beytout
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