Après les incidents de jeudi, l'Intérieur renforce partout la sécurité dans les villes.
Lundi prochain, l'Algérie affrontera donc l'Allemagne quelques heures après le match France-Nigeria. La seconde des deux rencontres sera l'affrontement de tous les dangers. Depuis les incidents qui ont émaillé les précédents matchs de l'équipe algérienne en Coupe du monde, l'Intérieur est sur les dents. Les échauffourées sont de plus en plus violentes: policiers blessés, saccage en règle de bâtiments, destruction de mobilier urbain, jets de projectiles, incendie de véhicules par dizaines. Des incidents qualifiés vendredi«d'insupportables» par le premier ministre, Manuel Valls.
Les casseurs émergent désormais partout sur le territoire, le nombre de villes où ils s'illustrent ne cessant de croître, de Marseille à Roubaix, en passant par Creil, mais aussi Clamart, dans les Hauts-de-Seine, Guyancourt et Élancourt, dans les Yvelines, sans oublier Mulhouse, Lille, Maubeuge, Lyon, Vaulx-en-Velin, Saint-Priest, Grenoble et plusieurs villes voisines.
Lundi, donc, des milliers de policiers et de gendarmes, dont une quinzaine d'unités des forces mobiles mais aussi des moyens lourds
de maintien de l'ordre (canons à eau, hélicoptères pour l'identification de nuit des éventuels fauteurs de troubles), seront mobilisés. Pratiquement comme les soirs d'émeute ou lors des mouvements sociaux de grande ampleur. «Et tout cela pour un soir de fête», se désole-t-on à l'état-major de la Sécurité publique à Paris.«Un maximum d'arrestations pour briser cet élan de violence intolérable»
À Marseille, la préfecture a requis deux compagnies de CRS, auxquelles s'ajoutent 300 policiers en tenue, mais aussi un bateau-pompe pour éteindre les éventuels incendies. «En 2009, se souvient le patron de la police locale, Pierre-Marie Bourniquel, lors d'un Égypte-Algérie, six embarcations étaient parties en fumée dans le Vieux-Port.» Jeudi soir, la police a dû tirer 50 fois au lance-grenades pour calmer les trublions.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé ses troupes à la «vigilance» et promet des renforcements des dispositifs partout où cela sera nécessaire. Le ministère de la Justice, de son côté, a donné des consignes pour que les parquets soient en mesure de traiter un nombre important de gardes à vue, ce soir-là, en cas d'interpellations en masse. «Il nous faudra réaliser un maximum d'arrestations pour briser cet élan de violence intolérable», explique un chef d'unité des CRS de la région parisienne.
Vendredi, en déplacement à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or (Rhône), l'hôte de Beauvau a condamné «avec la plus grande fermeté» les débordements constatés la veille, à l'occasion du match Algérie-Russie, où l'équipe des Fennecs algériens a décroché sa qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde du football.
Soucieux d'apaiser le climat, le ministre a rappelé qu'il s'agissait des «actes d'une poignée de casseurs isolés». Il a également souhaité apporter son soutien aux policiers et gendarmes déjà éprouvés par les premiers dérapages, notamment à Marseille, Lyon et Roubaix. «Je veux dire également aux forces de l'ordre qui ont été atteintes par ces actes ma solidarité. La justice et la police feront leur travail pour que les auteurs de ces faits soient rattrapés», a-t-il promis.
Des craintes en cas d'un hypothétique France-Algérie en quart de finale
Dans la nuit de jeudi à vendredi, en marge des manifestations de liesse après la qualification historique des Fennecs pour les huitièmes de finale du Mondial, au moins 74 personnes ont été interpellées en France.
Bernard Cazeneuve s'est voulu rassurant: selon lui, les casseurs «n'ont pas eu le dessus et ils ne l'auront jamais». Restent les dégâts dans l'opinion, qui ne comprend pas pourquoi la police intervient toujours après coup. Comme si elle n'avait plus les moyens d'anticiper.
À Creil, par exemple, ceux des trouble-fête qui se sont illustrés le 17 juin dernier, après Algérie-Belgique, en insultant et en caillassant dans le centre-ville, n'ont pas été arrêtés sur le fait. La police explique qu'elle les a filmés et que les plus excités seront convoqués plus tard au commissariat…
En 2001, lors d'un historique France-Algérie, le match fut interrompu à la 76e minute après l'envahissement de la pelouse par des supporteurs algériens. La Marseillaisefut sifflée. Les autorités craignent des incidents plus graves dans les rues en cas d'un hypothétique France-Algérie en quart de finale de la Coupe du monde le 4 juillet prochain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire