Mardi 3 juin. Certaines rencontres marquent une vie. Ce soir, les enfants de l’artiste et illustratrice Anne-Marie Caffort-Ernst, jadis élève de Fernand Léger, rendent hommage à leur mère, décédée au début de l’année. Une petite foule recueillie se presse dans une galerie du Champ-de-Mars, où rayonnent une trentaine d’œuvres semi-abstraites. Voilà vingt ans, j’ai eu la chance de fréquenter l’atelier de cette dame lumineuse, pétrie de la philosophie du Père Teilhard de Chardin. J’ai profité de ses conseils. C’était une époque ardue de ma vie ; je me sentais perdu ; je me heurtais, me cognais à mille obstacles, comme un insecte prisonnier… Je réentends la voix posée de mon amie confiante, qui croyait fort en Dieu et en la vie. Comme je regrette de ne l’avoir pas revue avant sa disparition ! Ses œuvres – corolles et spirales de lumière, énergétiques à souhait – peuvent-elles encore parler pour elle ?
Mercredi 4 juin. Certaines rencontres marquent une vie. Du massacre d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, Robert Hébras est l’un des deux seuls survivants, encore de ce monde. Alors âgé de dix-neuf ans à peine, il a été – comme une cinquantaine d’autres hommes, paisibles habitants de ce village de Haute-Vienne – poussé dans la grange dite « Laudy » par des soldats SS issus de la sinistre Division « Das Reich », et fusillé sauvagement comme les autres. Lorsque que les bourreaux ont actionné la mitrailleuse, il a été protégé des rafales par les corps de ses voisins et amis et s’est trouvé recouvert de cadavres sanguinolents ; il a pu échapper au coup de grâce, avant de s’extraire de la grange en feu… L’horreur de ce qu’il raconte posément, sobrement, sans aucune haine apparente, a de quoi glacer les sangs. Et forcer le respect.
Jeudi 5 juin. Certaines rencontres marquent une vie. Grâce à mon ami Stéphane Bern, je fais partie des privilégiés à pouvoir rencontrer en privé S.M. Elisabeth II, dans les salons de la Résidence britannique. La Reine est venue décorer elle-même six personnalités – dont Stéphane ! Entourée d’un impressionnant protocole, sous la protection voyante et bonhomme des fameux « Yeomen Warders » arrivés tout droit de Londres, la souveraine pénètre dans le salon tétanisé. « Please, beseated ! » nous intime son filet de voix haut-perché. Comment la définir ? A la fois charismatique et délicate, souriante et sérieuse, solide au fond et d’apparence fragile… A la fin, tandis qu’elle vient nous dire quelques mots charmants – serais-je en train de rêver ? – je remarque pour la première fois l’incroyable éclat de son regard très bleu. Mais déjà la voilà sur le départ, prête à regagner, n’en doutons pas, le « mainstream » de l’Histoire…
Mercredi 4 juin. Certaines rencontres marquent une vie. Du massacre d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, Robert Hébras est l’un des deux seuls survivants, encore de ce monde. Alors âgé de dix-neuf ans à peine, il a été – comme une cinquantaine d’autres hommes, paisibles habitants de ce village de Haute-Vienne – poussé dans la grange dite « Laudy » par des soldats SS issus de la sinistre Division « Das Reich », et fusillé sauvagement comme les autres. Lorsque que les bourreaux ont actionné la mitrailleuse, il a été protégé des rafales par les corps de ses voisins et amis et s’est trouvé recouvert de cadavres sanguinolents ; il a pu échapper au coup de grâce, avant de s’extraire de la grange en feu… L’horreur de ce qu’il raconte posément, sobrement, sans aucune haine apparente, a de quoi glacer les sangs. Et forcer le respect.
Jeudi 5 juin. Certaines rencontres marquent une vie. Grâce à mon ami Stéphane Bern, je fais partie des privilégiés à pouvoir rencontrer en privé S.M. Elisabeth II, dans les salons de la Résidence britannique. La Reine est venue décorer elle-même six personnalités – dont Stéphane ! Entourée d’un impressionnant protocole, sous la protection voyante et bonhomme des fameux « Yeomen Warders » arrivés tout droit de Londres, la souveraine pénètre dans le salon tétanisé. « Please, beseated ! » nous intime son filet de voix haut-perché. Comment la définir ? A la fois charismatique et délicate, souriante et sérieuse, solide au fond et d’apparence fragile… A la fin, tandis qu’elle vient nous dire quelques mots charmants – serais-je en train de rêver ? – je remarque pour la première fois l’incroyable éclat de son regard très bleu. Mais déjà la voilà sur le départ, prête à regagner, n’en doutons pas, le « mainstream » de l’Histoire…
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