Jamais la France, le pays qui a incarné pendant des décennies l’ambition politique du projet européen, n’a aussi peu compté sur la scène communautaire. Un signe qui ne trompe pas : c’est la première fois depuis 1957 que Paris est absent du débat sur la nomination du président de la Commission, le poste clé de l’exécutif européen qui a toujours fait l’objet jusque là d’un compromis franco-allemand. Le débat se déroule aujourd’hui entre Berlin et Londres, avec la France en spectatrice. Les enjeux de l’heure en Europe sont pourtant considérables.
Le désastre électoral du PS aux européennes couplé à la poussée du Front national a miné l’influence de Paris dans les instances bruxelloises. La panne de notre économie accentue le découplage franco-allemand (0,7% de croissance prévu cette année en France, contre 2,1%
outre Rhin). Notre réticence à réformer navre nos partenaires qui pour la plupart ont eu le courage d’y procéder, dans la douleur. Et surtout, comment nos voisins pourraient-ils prendre au sérieux la volonté de François Hollande de «réorienter l’Europe» alors même que le président de la République s’est montré bien incapable depuis deux ans de réorienter la France, ni vers la croissance, ni vers l’emploi ?
Déjà à son arrivée au pouvoir, François Hollande avait échoué à réorienter l’Europe dans un sens moins libéral. Il entend remettre le couvert au Conseil européen qui s’ouvre ce jeudi. Doit-on lui souhaiter bonne chance ? La réponse, assurément, est non. Ce n’est pas l’Europe qui est aujourd’hui le problème de la France ; c’est la France qui est le problème de l’Europe. A elle de se réformer. Ce n’est qu’à cette condition qu’elle pourra à nouveau prétendre à un rôle moteur dans l’Union.
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