Posted On 16 juin 2014
Parmi les nombreux dossiers non traités aujourd’hui en France, et qui ressemblent à autant de bombes à retardement prêtes à exploser, il en est un qui risque d’être plus douloureux que les autres, plus difficile à désamorcer, et dès lors, plus lourd de conséquences : celui des retraites, qui reposent toujours très massivement sur un système de répartition.
Ce système équivaut à une redistribution horizontale par laquelle les actifs d’aujourd’hui subissent un prélèvement sur leurs salaires destiné à payer les pensions des retraités d’aujourd’hui, et devront compter sur les actifs de demain pour payer leurs propres pensions lorsque le moment de la retraite sera venu pour eux. Quand la redistribution horizontale a été mise en place, il y avait environ sept actifs pour un retraité. L’espérance de vie des personnes à la retraite était, de surcroît, assez basse, ce qui affaiblissait encore la charge.
Graduellement, les paramètres ont changé. Le nombre de retraités s’est accru bien plus vite que le nombre d’actifs, et nous sommes désormais très près du chiffre de deux actifs pour un retraité, ce qui change tout.
L’espérance de vie des personnes à la retraite a considérablement augmenté, ce qui est heureux pour les personnes concernées, mais n’arrange rien au système.
Des signaux d’alarme ont été tirés depuis longtemps, mais en vain, car, dans ce pays, le mot de capitalisation se rapproche tant du mot capitalisme qu’il suscite l’horreur des bien-pensants.
Il importe néanmoins de regarder la situation en face, et de tenter de voir s’il reste encore une issue autre que le cataclysme et la banqueroute qui se dessinent.
C’est à cette fin que mon ami Jacques Garello, professeur émérite d’économie, président de l’ALEPS (association pour la liberté économique et le progrès social), a publié un salubre et indispensable petit livre, qu’il faut mettre entre toutes les mains, à commencer par celles des dirigeants de tous les partis.
Le livre s’appelle «Comment sauver vos retraites*». Il part d’un constat : près de 90 % des Français sont inquiets et voient la banqueroute approcher. Ils discernent que les réformes évoquées ici ou là ne résoudront strictement rien et seront de misérables subterfuges qui vont conduire essentiellement à la gestion de la pénurie : alourdissement graduel de cotisations qui n’en sont pas (payer la retraite des retraités du présent n’est pas cotiser pour sa propre retraite), diminution du montant des pensions versées, recul de l’âge de départ à la retraite.
Plutôt que d’en rester au constat et de céder au pessimisme, Jacques Garello dit qu’il y a une issue et qu’elle se situe du côté du capitalisme et de la capitalisation. Il faut, écrit-il, « sauver ce qui peut l’être encore », se diriger vers la « liberté de choisir », aller vers un « système d’épargne personnelle capitalisée », et le faire au plus vite. S’adressant directement au lecteur, Jacques Garello ajoute : la transition « ne vous ferait courir aucun risque », bien au contraire. « Des pensions, aujourd’hui à peine égales (en moyenne) à la moitié de votre dernier salaire, pourront être doublées, et vous paierez beaucoup moins cher ». « Grâce à votre épargne investie dans les fonds de pension, la croissance sera stimulée et le chômage sera réduit ».
L’argumentation est solide. Les références scientifiques sont incontestables. Ce qui bloque, dès lors ? L’absence de politiciens prêts à dire ce qui devrait l’être. L’absence de courage et de lucidité chez tant de journalistes englués dans une stérile pensée unique. Est-il possible de surmonter le blocage ?
J’aimerais le penser. Le livre de Jacques Garello donne, en tout cas, à ceux qui le voudraient tous les éléments nécessaires pour y parvenir.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière
Publié sur les4verites.com
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