Gabriel Lévy
24 juin 2014
Paul
Claudel, qui s’interrogeait au sujet de « celui qui sortira premier
dans un concours de circonstance », aurait dû savoir que c’était
sémantiquement le plus opportuniste. Le dernier sondage nous apprend que M.
Alain Juppé est classé devant M. Nicolas Sarkozy. Toutefois, par définition, le
propre des circonstances est de varier, et elles auront peut-être changé d’ici
2017.
Changer ? Devons-nous rappeler, comme nous
l’avons fait il y a peu, que « tout change pour que rien ne change »
et que ce mot usé a cependant la faveur de tous les candidats aux postes
suprêmes. Un analyste du Figaro (24 juin 2014) a la cruauté de rappeler que
pour M. Giscard d’Estaing, « le changement était dans la continuité »,
que M. Mitterrand voulait « changer la vie », que M. Sarkozy
avouait avoir « changé » en 2007, ou plus tard, qui le
sait ?, et M. Hollande annonçait « le changement c’est
maintenant ».
Comme il a eu raison de le faire, car les « Français
ont la mémoire courte ».
Et pourtant, des Français se sont souvenus de leurs
vieilles gloires pour en faire les trois piliers de la
sagesse d’un parti
politique. Comme l’avait prédit Clemenceau « il faut un nombre impair
pour diriger et trois c’est trop », il n’en restera bientôt plus
qu’un, ne démentant pas un député, UMP évidemment, souvent primé pour son
humour, M. André Santini, qui disait « dans
une formation à trois il faut être l'un des deux »
La présidentielle ? Bingo ! Nous avons notre champion pour cette
occurrence et gardons-nous de barguigner sur le fait qu’il n’est plus très
jeune pour « faire l’affaire » jusqu’en 2022 ; qu’il y a 20 ans
- 20 ans déjà ! - le pays était dans la rue, les trains ne roulaient plus,
mais l’on s’habitue à cela désormais ; que « droit dans ses bottes »,
il ne devait rien céder (un humoriste observera quelques jours plus tard qu’il
avait obtenu fort heureusement que le papier hygiénique restât rose dans les
toilettes des wagons) ; que parfois il ne manque pas d’une indulgence
étonnante quand il estime que « la
présentation qui est parfois faite de ce mouvement (les frères musulmans) mérite sans doute d’être révisée» ; que la justice lui a fait quelques reproches, à cela aussi
on s’habitue ; que ce sont les partis qui assurent les carrières, et donc en
pratique « l’enrichissement personnel », mais cela peu l’admettent.
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