C’était il y a un peu plus d’un an, lors d’un dîner à huis clos réunissant autour de François Hollande quelques grands patrons français et allemands : la question lui avait été posée de la réforme qu’il considérait être la plus importante, la seule à laquelle il ne faudrait surtout jamais renoncer, fût-ce au prix d’une grande impopularité. Le chef de l’Etat avait répondu d’un trait : la compétitivité. Les patrons avaient bien sûr été séduits, et quelques semaines plus tard le président de la République présentait solennellement le rapport Gallois.
Avec le recul, on peut donc donner acte à François Hollande d’avoir eu conscience des
faiblesses de l’appareil productif français, et de sa volonté de le régler. Une partie du discours officiel a d’ailleurs intégré cette façon de voir notre économie, et les hagiographes de service ont vite fait d’ériger ce rapport Gallois en bréviaire de la conversion du socialisme hexagonal à la social-démocratie.
Malheureusement, de l’acte de foi à la réalité, le fossé ne s’est pas comblé. Les obstacles se sont même accumulés. En l’absence de la moindre marge de manœuvre budgétaire, ce qui a été donné d’une main, le CICE, a été repris de l’autre en charges nouvelles pour les entreprises et les salariés, et en impôt sur les sociétés. A la place du « choc de compétitivité », nous avons eu la vrille folle des impôts et des charges, et une gauche de la majorité qui s’ingéniait à contester tout ce qui apparaissait comme un « cadeau aux entreprises », piétinant avec un incontestable talent toutes les occasions de restaurer un minimum de confiance avec les patrons et les entrepreneurs.
Pendant ce temps, nos concurrents étrangers, loin de se contenter d’un simple rapport et de s’ébahir de quelques discours, ont poursuivi activement leurs efforts de compétitivité. Résultat : notre retard est toujours là.
Nicolas Beytout
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