Oublions la manœuvre politique, grosse comme un taux à 75 %. Laissons de côté la folle improvisation avec laquelle une promesse un temps enterrée se trouve par magie ressuscitée. Passons sur ce travers si français consistant à rêver de « révolution » – ne serait-elle que fiscale… – pour au final aboutir à un mensonge de réforme. Faisons même le pari, pour reprendre le mot de FO, de la « sincérité » d’un Premier ministre pourtant prêt à abîmer son gouvernement pour survivre. Eh bien, malgré tous ces présupposés, rien ne laisse entrevoir le moindre espoir d’une remise à plat de notre système fiscal qui pourrait être à même, comme une audacieuse flat tax, de moderniser le pays. Sans doute la consultation des partenaires sociaux vise-t-elle à tester les limites de l’acceptable. Pourquoi pas. Mais la réforme de notre fiscalité n’est pas celle des retraites, même réduite à un strict minimum. Autant celle-ci était anticipée, imposée par la nécessité bruxelloise et, au fond, acceptée dans une sorte de fatalisme nourrie d’années de pédagogie, autant la réforme fiscale est aussi inattendue que redoutée pour sa complexité et ses retombées incontrôlées. Pas de consensus minimum sur la retenue à la source ou sur le quotient familial, des tabous mortifères à gauche sur la redistributivité ou sur l’ISF, des risques de fronde sociale sur les niches ou sur la fiscalité locale, des soupçons d’enfumage pour mieux masquer la faillite de notre modèle social… Dès lors, sur fond de croissance atone et de déficits permanents, le champ des possibles se restreint. A vrai dire, il est proche de zéro. Comme la crédibilité de l’exécutif.
Rémi Godeau
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