Alors là, chapeau : quelle idée, ce grand remue-ménage sur la fiscalité, cette façon de faire un coup politique en prenant tout le monde à contrepied! Il fallait oser. Comme il fallait oser ridiculiser tous ceux, ministres de l’Economie et du Budget en tête, qui expliquaient laborieusement depuis des semaines que les mots d’ordre de la politique fiscale étaient désormais « stabilité, prévisibilité, lisibilité ».
En vérité, on retrouve dans cette volte-face éhontée tout l’art de la pirouette et du
rétablissement acrobatique de François Hollande. Et cette décision, bricolée en toute hâte avec le Premier ministre un dimanche soir dans son bureau de l’Elysée, ressemble à s’y méprendre au coup de génie politicien qu’avait représenté pendant la campagne électorale l’annonce de la célèbre tranche à 75% : la démagogie de cette mesure avait donné un coup de fouet décisif à sa marche vers l’Elysée. Aujourd’hui, la France traîne ça comme un boulet, mais quelle importance pour François Hollande puisque cela lui a permis d’être élu ?
C’est le même scénario de (re)conquête de ses marges de manœuvre que le chef de l’Etat imagine avec l’opération grand soir fiscal. Coincé de toutes parts, pris à la gorge par le ras-le-bol des contribuables, il envoie en l’air le puzzle infernal des impôts et des taxes en espérant occuper les esprits à sa reconstruction. Malheureusement, les chances pour le pays d’en sortir avec une fiscalité plus efficace sont voisines de zéro. Il manque en effet tout ce qui est nécessaire à la réussite d’un tel défi : la croissance, sans laquelle les marges de manœuvre n’existent pas ; la baisse des impôts, sans laquelle tout le monde ou presque risque d’y perdre ; le courage, sans lequel les innombrables corporatismes et intérêts particuliers gagneront ; la popularité et la crédibilité sans lesquelles personne ne croira cette réforme juste.
Nicolas Beytout
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