En lançant le mois dernier l'opération Hydre contre la résurgence du terrorisme dans la boucle du Niger, les forces françaises déployées au Mali ont mis en lumière toute la complexité de leur mission. Une hydre, dans la légende des douze travaux d’Hercule, est un monstre à plusieurs têtes, qui repoussent dès qu'on les tranche. L'assassinat de deux journalistes français samedi à Kidal, centre de la rébellion touareg, a montré que la région reste un baril de poudre dix mois après le déclenchement par le président François Hollande de l’intervention militaire Serval. Pire, les raisons qui ont poussé à la guerre en 2012 sont toujours là : même si un nouveau président, Ibrahim Boubacar Keita, a été élu à Bamako, un règlement politique est hors d'atteinte au Nord Mali.
Les quelque 3200 militaires français sont coincés entre les Touaregs qui revendiquent leur
autonomie, les militaires maliens qui veulent contrôler le nord et les terrroristes d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Les soldats de Serval ont tué quelques centaines de djihadistes; il en reste au moins autant, fondus parmi les habitants ou repliés en Libye, devenue l'épicentre de l'arc de déstabilisation nord-africain allant de la Mauritanie à la Somalie. L'approche des élections législatives, le 24 novembre, rejetées par les terroristes, a accentué la tension. Les rumeurs d'un versement de rançons de dizaines de millions d’euros pour la libération, le 29 octobre au sud de Kidal, de quatre otages français détenus trois ans par Aqmi, ont aiguisé les appétits. La guerre au Mali est loin d’être terminée ; le déploiement militaire français aussi. Selon la mythologie grecque, l'une des têtes de l'hydre est immortelle.