Par centaines, des emplois sont supprimés chaque semaine dans un grand bruit, au rythme des plans sociaux. Par milliers, ils disparaissent jour après jour en silence, au fil de l’eau. Et tous les économistes, tous les instituts de conjoncture, tous les experts près la Commission de Bruxelles en tirent cette prévision : la reprise économique, si elle existe, sera tellement timide en France que l’emploi ne redémarrera pas avant un an. Ou peut-être même deux. Au mieux.
Rien d’étonnant à cela : l’emploi ne se décrète pas. Il n’est pas la cause mais la conséquence
d’une politique économique, d’un environnement entrepreneurial, d’un climat de confiance et d’accompagnement autour de ces étranges objets qui fabriquent de l’emploi : les entreprises. Au lieu de cela, le poids des contraintes sociales, la somme des prélèvements fiscaux et sociaux, la pesanteur du contexte général font de la moindre création d’emploi en France un pari acrobatique.
Et pourtant, le gouvernement s’obstine à prétendre que la courbe du chômage s’inversera à la fin de l’année. Comme si c’était là le seul domaine où il ne devait pas, coûte que coûte, changer d’avis, le seul marqueur de l’efficacité de l’action publique. Curieux. De deux choses l’une, en effet : soit la courbe cesse de grimper et les Français, instruits par les prévisions unanimes des économistes, se diront que ce n’est que provisoire, que cela tient aux centaines de milliers d’emplois subventionnés, et qu’il ne se passera pas longtemps avant que ne reprenne la triste progression du chômage. Soit la promesse n’est pas tenue, et elle viendra grossir le stock des engagements oubliés ou reniés, abîmer un peu plus la crédibilité de François Hollande et alourdir encore le climat général de défiance vis-à-vis du pouvoir. Pesant une fois de plus sur la capacité de notre économie à créer des emplois.
Nicolas Beytout
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