Il est devenu en un temps record le président le plus impopulaire de toute l’histoire de la Ve République. Il est ouvertement critiqué par une partie de sa propre majorité et désormais lâché par plus d’un sympathisant socialiste sur deux, le cœur de son électorat. Il est désavoué par la plupart des économistes qui s’étaient engagés en sa faveur. Il est mis sous pression par ses homologues européens, par la Commission de Bruxelles, par l’OCDE et par les agences de notation, tous inquiets de voir la France plantée.
Et pourtant, tout indique que François Hollande ne fera rien. A la fois parce que c’est sa
nature – il suffit pour s’en convaincre de se remémorer Martine Aubry parlant du déplorable bilan de son prédécesseur à la tête d’un PS devenu « un parti à la renverse ». Mais aussi parce que, malheureusement, rien aujourd’hui ne l’y contraint véritablement.
Les institutions sont en effet suffisamment solides et stables pour permettre à un chef de l’Etat lourdement impopulaire de tenir, comme dans une moindre mesure les Mitterrand, Chirac et Sarkozy ont pu le faire pendant un temps. Le contexte politique le sert puisque son immense faiblesse ne profite à aucun de ses adversaires politiques. Quant à la contrainte extérieure, celle que pourraient par exemple exercer les marchés, elle est amortie par l’existence de l’euro. La monnaie unique joue en effet un rôle de filtre en diluant les problèmes de la France dans la masse des sujets européens – il suffit pour s’en persuader d’imaginer ce que serait le franc français aujourd’hui s’il se retrouvait seul en première ligne.
C’est le paradoxe de la situation de la France : le pays s’enfonce dans la crise, passe à côté des grandes réformes, accumule les mécontentements. Mais le président du changement reste immobile, incapable de conduire la moindre réforme. Il attend.
Nicolas Beytout
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