C’est un immense gâchis, des dizaines de millions d’euros partis en fumée. Installé depuis deux ans et demi, le logiciel « Louvois » qui était censé assurer la paye de l’armée française s’écroule sous les bugs et va être abandonné.
On n’aura pas le mauvais goût d’imaginer que cette incapacité de l’armée à faire tourner un outil informatique classique pourrait faire naître un léger doute sur la fiabilité de nos systèmes complexes de défense, ni que le retour à des modes de gestion hors d’âge pourrait annoncer la renaissance de la garde à cheval et des demi-soldes. On a cependant du mal à comprendre comment un tel désastre a pu se produire, pourquoi il a fallu tant de temps pour
s’en apercevoir, pourquoi le ou les responsables (y compris sous l’ancienne majorité) ne sont pas identifiés, et éventuellement sanctionnés ?
En réalité, nous avons là un triste concentré de bien des travers de la gestion publique. Manque d’agilité, procédures lourdes, défaut de maîtrise des process de contrôle, dilution de la hiérarchie et multiplicité des donneurs d’ordre, il est probable qu’on trouvera un peu de tout cela dans cette affaire.
A l’heure où le gouvernement se lance dans une grande « remise à plat » de notre système fiscal, à l’heure où, par conséquent, il devrait avoir le plus grand besoin d’une baisse rapide des dépenses publiques, peut-être pourrait-il tirer de cette « affaire Louvois » une ardeur nouvelle pour confier massivement et complètement des pans entiers de l’administration à des gestionnaires privés ? Les dépensophiles et les Etatolâtres de toute nature s’insurgeraient sûrement contre cet abandon de certaines missions d’intérêt général. Mais savent-ils, enfants de Keynes et des Trente Glorieuses, ce que l’adoration française pour la dépense publique coûte en inefficacité, en impôts et, finalement, en dégâts humains ?
Nicolas Beytout
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