10 novembre 2013, 13:08 0 commentaire
Ou comment sortir, libre, de la non philosophie.
Le titre est ambigu car les «chemins qui ne mènent nulle part» est le nom d’un essai de Heidegger. Or il n’est nulle part fait référence à ce texte dans l’ouvrage. Les Hollzweg sont les chemins de forêts dont on ne sait trop où ils mènent et qui parfois peuvent se faire perdre celui qui les emprunte. Pour le philosophe de la forêt noire cela devait avoir un sens ; mais pour Oulahbib qui indique ne pas aimer ce philosophe au cours du son essai, on ne sait trop.
Mais la partie la plus intéressante reste le sous titre avec ce mot central, entre deux virgules, comme en exergue, de «libre».
Le grand combat de notre philosophe est donc bien de rester libre, hors des chemins qui ne mènent nulle part, c’est-à-dire ceux qui permettent de rester libre. A la vérité ces chemins ne sont pas trop encombrés, il faut bien l’avouer.
Mais, il y a aussi la non philosophie, celle donc qui règne aujourd’hui et dont il faut sortir. Comment la caractériser ? Dans son rapport avec la domination qui reste un thème majeur de ce livre, par exemple dans le chapitre sur “Baisser les yeux ?”.
Une des différences entre la grille de lecture de la gauche et la droite c’est que selon l’auteur la gauche
“pense que tout vient du social” tandis que la droite “croit que tout est génétique ou presque“. Mais comme le fait remarquer Lucien Samir, le délinquant aussi “domine” “contrairement à ce que prétend une Chritiane Taubira”.
Ouhalib fait remarquer que le mot même de crime a disparu en France, on ne parle plus que de délinquant et le héros qui empêche les délinquants de commettre leur forfait les transforme en “assassin”. On va même jusqu’à empêcher l’ouverture de chaire de criminologie en université sans doute parce qu’il n’y a plus de crimes …
De son excursion en banlieue à l’occasion d’une enquête, il retient que “tout était tenu par la loi du silence” et il observe que “quand une société s’autodétruit de la sorte, pourquoi ne pas laisser les crèves la faim du monde entier venir manger ses boyaux vu son ventre ouvert”, propos pour le moins osés par ces temps de conformisme doctrinal lourd. Il faut se dépêcher de lire ce type de propos avant qu’ils ne soient definitivement interdits.
Un peu plus loin, il nous libère de la chape de plomb matérialiste qui nous étouffe. Pour lui « il y a bien une autonomie réelle du psychologique sur le sociologique ou le biologique quoiqu’en disent les idéologues», cela me fait penser au fameux concept de « socio-biologique » inventé par l’ex «nouvelle droite». Il ne faut pas pour autant oublier l’autonomie de la spiritualité…
Sur «la lutte contre le sida» l’auteur se range, même s’il estime qu’il y a beaucoup à dire par ailleurs, derrière la bannière du président Poutine qui a déclaré qu’il s’agissait là de «propagande» qu’il ne fallait pas confondre avec la lutte contre les discriminations par la race, la religion, le sexe ou l’orientation sexuelle.
J’ai bien aimé aussi le petit aparté sur Chronopost qui relève du service public La Poste, mais ne fait pas confiance à la SNCF, autre service public, pour transporter ses propres colis. On peut même aller plus loin et remarquer que La Poste ne fait pas confiance à La Poste puisqu’elle a été amené à se mettre en concurrence avec elle-même pour assurer un service à peu près correct.
Un des moyens mis en œuvre par le système pour éliminer une pensée indésirable se fait soit par marginalisation (le cas de Ouhalib et de bien d’autres comme le fait observer Jean Robin avec sesenquêtes de sous médiatisation), soit quand la personne dérive par «institutionnalisation» ; on retrouve à l’Institut des sciences morales et politiques des penseurs que l’on n’invite plus, comme Alain Besançon ou Jean Baechler, ce qui permet d’échapper à un vrai dialogue.
Autre remise en cause, l’argument «cela fait le lit de l’extrême-droite». Une fois que l’on a dit cela, on croit avoir condamné définitivement la proposition énoncée, mais ce déni, bien entendu, alimente le FN puisqu’il en devient le seul attributaire, monopolistique, en quelque sorte.
La conclusion : « Il n’était pourtant pas possible de dénoncer seulement les millions de juifs et de tziganes assassinés de la Solution Finale et oublier les dizaines de millions tués massacrés affamés plongés jusqu’à ce que mort s’ensuive dans la Solution communiste. Rien n’y fait. Et Badiou veille.»
Bref un petit livre roboratif à la pensée fluide et subtile, bien venu dans ces temps de lourdeur idéologique et politique.
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