Il paraît qu’on ne doit pas dire : « je n’aime pas le foot ». Trop clivant vis-à-vis de ce sport, le plus populaire et le mieux partagé. Tout juste peut-on confesser, c’est mon cas, qu’on y connaît peu de choses, et qu’on n’éprouve qu’une fascination limitée pour une partie des « valeurs » que ces sportifs véhiculent.
A tous ceux qui partagent mon triste sort et doivent subir le regard courroucé des leurs, il
reste cependant un moyen de partager la joie légitime de notre pays : il suffit de savourer cet étrange phénomène de la parabole politique. L’équipe de France gagne, et c’est bien sûr l’ensemble des problèmes du pays qui sont oubliés. Elle gagne avec panache, et c’est la fierté de tout un peuple qui est retrouvée, sa capacité à affronter la compétition mondiale, la concurrence internationale. Qu’elle gagne contre toute attente, et c’est le sursaut qui sera magnifié, les situations désespérées qui subitement ne le seront plus.
De nombreux hommes politiques se sont aventurés sur ce terrain glissant de la métaphore politico-footballistique. Jacques Chirac, qui n’y connaissait rien, faisait semblant de scander le nom des joueurs. François Hollande, lui, s’y connaît vraiment. C’est ainsi qu’à l’issue du match contre l’Ukraine, il nous a gratifiés d’une forte parabole : la France gagne, a-t-il dit en substance, quand elle est dirigée par un vrai entraîneur, et que son équipe est soudée, unie sous son autorité vers un même objectif. En l’écoutant, lui président hésitant à la tête d’une majorité si peu homogène, on comprenait instantanément pourquoi le pays allait mal.
Après tout, peut-être devrais-je revoir mes préjugés : un supporter exalté peut garder une part de lucidité.
Nicolas Beytout
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