Ils appartiennent au même univers de la gauche en Europe. L’un a dirigé le plus grand pays européen. L’autre préside aux destinées de la France. L’un était Chancelier d'Allemagne, élu et réélu quand l’autre dirigeait le Parti socialiste français. Ils appartiennent au même monde et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ne se connaissent pas. Jamais François Hollande n’avait jugé utile de rencontrer cette figure de la sociale-démocratie, ce grand réformateur que fut Gerhard Schröder. Un manque de curiosité qui souligne l’absence d’ouverture vers l’étranger de celui qui allait devenir président français. Et un désintérêt qui en dit long sur leurs différences de vision politique.
Car ce qui frappe, au-delà de l’anecdote, c’est à quel point leurs démarches politiques sont
éloignées. Engager la réforme, agir vite, affronter l’impopularité, faire le pari du mouvement en étant persuadé que l’immobilisme conduit inexorablement à l’échec électoral, prendre en main le changement pour éviter que ne se creuse le fossé entre le pays réel et la classe politique, voilà ce que défend Gerhard Schröder. Un modus operandi dans lequel on ne reconnaîtra pas spontanément celui de François Hollande. Ne pas assommer les gens d’impôts, ne pas leur mentir sur l’âge de la retraite, ne pas les leurrer sur les emplois jeunes subventionnés par l’administration. Un programme d’ouverture dans lequel on trouvera difficilement une parenté avec la France.
Bien entendu, on pourrait s’offusquer, se demander de quel droit un ancien dirigeant allemand nous fait la leçon ? Tout simplement parce que la France inquiète, parce que son poids en Europe rend plus pressante encore son obligation de se réformer. « La compétitivité est un impératif, c’est la clef de tout », nous dit celui qui a mis l’Allemagne en état d’affronter le monde actuel. Ca vaut le coup de l’entendre.
Nicolas Beytout
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